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Ma vie est formidable,
15 janvier 2008

541. Propos intimes, attouchements et gonflement d'organes

Eh bien, puisque tout le monde serait prêt à vendre son âme pour cela, et face à la pression croissante de tous, je vais vous livrer les détails de la conversation que j'ai eu dernièrement dans l'endroit le plus intime qui soit ; des aveux de débauche faits au coin d'un lit ; des attouchements commis et des frottements exercés ; des conseils pour que tout passe facilement le fond de la gorge et de ne plus avoir peur d'avaler.

Oui, je ne pensais pas le faire malgré ce que je disais la veille encore, mais finalement j'ai vu le médecin. En effet, au coucher, une douleur soudaine à la rate et pareil à un coup de gong m'a fait passer une nuit à me demander à quelle moment de la nuit la camarde allait venir me chercher, laissant là un corps baignant dans le sang de l'hémorragie interne causée par l'explosion de sa rate hypertophiée.

Et ainsi, le matin, je m'en suis remis au destin en appelant pour savoir si une place s'était libérée dans la matinée de ce vendredi, que sinon c'était pas grave, j'allais bien finir par savoir d'ici au dimanche si j'étais mort ou guéri*.

*

Alors pour ceux qui ne comprennent pas tout, deux trois points d'explications et d'historique.

  • Il y a une année, j'avais déjà été chez le médecin, mais j'avais eu le bon goût alors de prendre rendez-vous 2 jours à l'avance, et d'avoir attendu un véritable saignement de la gorge. Là, ma visite pouvait paraître en comparaison un peu prématurée, surtout pour le jour même. Voir point 15 du questionnaire rempli ici le jour même où j'allais me couper un bout de doigt.

  • Je ne fais pas (complètement) de l'hypocondrie. Comme je le disais l'autre jour, j'ai eu dernièrement des douleurs à la rate en buvant, j'ai déjà une rate trop grosse attestée** et j'avais lu qu'elle pouvait encore enfler avec une mononucléose.

  • La camarde, c'est la mort, à cause de sa tête de crâne sans nez. Parce que camard, qui est un épithète mésusé mais pourtant charmant, signifie au nez aplati, venant de camus, au nez court et plat. Étonnemment, les locutions un nez camard ou un nez camus sont aussi valides et ne sont donc ni des hypallages ni des pléonasmes (ni des propos sur des nez avec un nez).

*

Finalement, une place semblait s'être libérée, mais peut-être était-ce en fait juste un arrangement du médecin. Et j'y suis donc allé. Blabla, ganglion enflé, gorge, douleurs, angine, pas envie que ça empire, mais si ça passe tout seul sans médicament, ça me va aussi. Un frottis révèle qu'il n'y a pas d'infection dangereuses (staphylocoques pour ceux qui sont intéressés).
- Bon, y a quand même un écoulement pas très joli, hein. Je vous préscrit de quoi vous rincer.
- Est-ce que ça pourrait être une mononucléose ?
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Euh... (putain, on répond pas à une question par une question !) ben disons... y a des symptômes, c'est la maladie du baiser, et à nouvel-an, j'ai embrassé... 2-3 garçons. (J'aurais dû dire le nombre réel, juste pour voir sa tête.).
- Non, mais ça m'étonnerait beaucoup, et il y aurait eu d'autres symptômes avant. De toute façon, si c'était ça, on ne peut rien faire et ça passerait tout seul
- Euh, oui, et j'ai oublié de vous dire (surtout que c'est pour ça que je suis venu), j'ai mal là (montrant la rate, mais je ne vais pas jouer au médecin en disant les mots précis), et hier, ça m'a fait comme un coup, alors que j'étais couché sans rien faire.
- Ah, la rate ! Mon dieu, bien sûr effectivement, vous aviez tout à fait raison de penser à une mononucléose, je vais de ce pas changer tout mon diagnostic ; c'est peut-être même carrément le début d'une sépticémie ! Et avec votre antécédant de splénomégalie, vous avez bien fait de venir en urgence aujourd'hui, vous vous êtes sans doute sauvé la vie.

...Sauf qu'avec les médecins, ça ne se passe pas comme on voudrait quand on n'y connaît rien en médecine. En réalité, ça a donné :
- Mal là ? (Y a un truc dans le corps, à cet endroit ? Où est mon traité d'anatomie ?)  En toussant ? Ca peut être une déchirure.
- Non, sans tousser, sans rien faire, et quand je bois, ça me fait un peu mal aussi.
- Ben non, je ne vois pas, là. Vous savez, ça m'arrive de dire que je ne sais pas.
- Euh, oui, c'était juste si c'était un symptôme caractéristique de quelque chose ; je disais ça à tout hasard, merci. (Et moi aussi je dis des fois que je ne sais pas, sauf que j'ajoute Je vais me renseigner, et que mes ignorances ne sont pas au sujet de la vie d'un homme que je dois soigner.[/drama queen])

Je n'avais pas beaucoup de réponses en rentrant, mais un nouvelle question : est-ce juste moi qui ai quasiment tout le temps droit à des :

  • Je ne sais pas.
  • Écoutez, si c'est toujours aussi bizarre dans une semaine, vous revenez, et je me renseignerai.
  • J'ai jamais vu ça. (Par exemple, pour une hémorragie interne post-opératoire à cause du retrait d'un drain un peu vif), suivi de "Bon, ben on va attendre pour voir si ça se résorbe tout seul, sinon, on rouvrira", et 3 jours après, de "Oh, ben la nature est bien faite, on n'aura pas besoin de rouvrir", quand le sang a fini par sortir tout seul par un trou creusé dans la peau, et que j'avais passé un moment à tout faire sortir en pressant au dessus de la baignoire chez moi. Oui, un geek, ça n'a pas peur de considérer son corps comme un truc mécanique - tiens, si je fais ça, peut-être que ça marchera mieux.
  • Ecoutez, on va essayer ça, on verra bien si ça marche.
  • Euh, oui, écoutez, c'est que là, c'est le week-end, et on n'a pas le médecin spécialiste qu'il faut pour ça dans tout le CHUV.
  • Je viens d'avoir vos vos résultats, mais je préfère ne pas vous les donner par téléphone ; passez me voir. (Juste avant un examen universitaire que je devais faire...***)
  • Non, mais ce qu'on vous a dit y a 20 ans, c'est juste pas possible. Et ce qui m'étonne, c'est qu'aucun médecin-anésthésiste n'ait jamais relevé depuis, avant vos opérations, que ça ne tenait pas la route.

Sans compter les :

  • Oh, j'ai oublié la 2e prise de sang, faut que je repique !
  • Oh, j'ai oublié de vous dire de desserer le poing ! (le jet d'eau de Genève couleur sang, c'est joli)
  • Vous avez l'impression d'avoir quelque chose, mais sans avoir mal ? (et après 1 heure et des ultrasons) Oui, ben on va vous opérer, et au plus vite. Si vous entrez demain matin, ça vous va ?

Donc si vous connaissez un moyen sûr de savoir qui et quand il faut consulter, je suis preneur. D'autant que depuis mon rendez-vous, j'ai plus en plus de lancées soudaines à la rate qui me font hurler de surprise.

Et pour vous remercier, les photos tant attendues. Ceux qui aime le trash, vous pouvez me demander les photos, mais je tiens à garder en vie mon public émotionnellement instable qui vient chercher ici un peu de réconfort grâce à la misère des autres.

*

La revanche : Samedi soir, sortie sur Genève pour voir C., aka La Princesse aux cheveux de paille. En route, je conte à mon chauffeur pédiatre mes mésaventures en commançant par mes symptômes : angine, rate douloureuse.
- Ben c'est une mononucléose !
- Même si le ganglion, c'est que d'un côté ?
- Normalement, c'est bilatéral, mais peut-être que tu te ne t'es fait lécher les amygdales que d'un côté...

Aujourd'hui, je dors toujours 12 heures par nuit, mais les symptômes commencent à passer complètement. J'ai même pu m'enfiler une plaque entière de pizza maison, c'est toujours bon signe.


* J'aurais bien écrit guérit, mais ce n'aurait été correct que si les mortes pouvaient être guérites. Or, on ne peut pas guéritte les mortes, c'est trop tard, ou alors c'est une sentinelle.

** Une splénomégalie. J'adore les noms des maladies, pas vous ? Tiens, ça pourra faire l'objet d'un concours tantôt, ça.

*** J'ai eu la note maximale, finalement, grâce à un gros coup de bol : le prof m'a fait tiré des questions sur le tas réservé à ceux qui passaient l'examen uniquement sur le début du cours juste trop facile.

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Commentaires
J
Moi aussi j'ai "mal à la rate" depuis des années (mais que là, avec de bons gros pincements soudains qui font plier en 2, et une douleur sourde quand je suis mi-allongée.<br /> La toubib m'a dit qu'elle ne savait pas... certainement un nerf coincé par là qui fait des siennes... tu vois tu n'es pas seul !<br /> Alors je reste avec mes douleurs bizarres et non-identifiées. Et je suis toujours là !<br /> (mais j'ai rien à la gorge, moi, hein !)
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