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Ma vie est formidable,
21 novembre 2006

367. À deux doigts de la catastrophe

Bon, on s'est foutu de ma gueule pour mardi dernier, quand je me suis coupé 4 fois le doigt très superficiellement.

Eh bien, ce n'était qu'une fumeuse répétition de l'incident de dimanche. (Je crois qu'on doit aller en flash-back, maintenint...)

Dimanche, 15 h, le Zapping vu, je me mets en tête de me faire du poulet au citron, vin blanc et herbes diverses selon l'humeur d'un moment encore joyeux. Je commence à émincer une échalote (musique qui annonce un drame). Tout se passe à merveille, le lecteur pousse un soupir de soulagement non feint, et le poulet dore gaillardement dans la poêle en compagnie des échalotes.

Afin de récupérer un maximum de la pulpe de mon citron, je touille avec un couteau, qui ne trouve rien de mieux à faire que de traverser le citron pour aller terminer sa course de façon digiticide. Ouille. Avec du jus de citron en plus : re-ouille.
Le saignement abondant masque bien le lambeau de peau flottant au bout du doigt. J'essaie d'éviter des salissures en portant le doigt à la bouche, mais finis par me rendre compte que si cette méthode m'empêchait de me vider de mon sang, c'est serait en me faisant mourir d'abord d'une indigestion. Par bonheur, la simple pression du pouce sur la plaie semble stopper net le flux abondant pas du tout mensuel. Tout en comprenant enfin l'intérêt de cuisiner habillé, je tente de passer un pantalon, puis me prépare à partir pour la permanence spécialisée pour la main, sise à moins de 10 minutes à pied : le destin n'est pas si vil finalement. Un dernier message tapé d'une main pour avertir mes correspondant sur le net que je m'absente, en me permettant exceptionnellement au vu des circonstances d'abréger un mot (je re dans 1h, me suis salement coupé le doigt).

Détour par chez mon frère pour savoir si, à tout hasard, il serait disposé à me mener en voiture (je sais, je ne suis qu'un paresseux). - T'aurais pas 10 minutes ?
Il les avait plus ou moins, mais il m'a même donné le reste de son après-midi. D'abord en me faisant un pensement très correct qui remplaçait avantageusement mon pouce à la limite de la crampe, en m'aidant à passer ma veste, à trouver un exemplaire des antibiotiques que je prends ces jours (parce que s'il faut se souvenir du nom, c'est pas gagné), prendre de la lecture, vérifier que tout soit bien éteint, etc.
Juste avant d'entrer dans la voiture, mon père arrive, et on taille un petit brin de causette "tiens, du donnes ça à ton frère" "c'est quand déjà que vous partez en vacances ?" "Ah, tu passeras, j'ai aussi des choses pour toi." "Bon, c'est pas tout ça, mais faut que je te laisse, faut que j'aille à la permanence : j'ai le doigt ouvert, hein !" et tout ce genre de choses habituelles.

À la reception, c'est de suite "remplissez ce formulaire". Cool, pour une fois, c'est la main gauche qui est invalidée. Je leur demande quand même :
- Y a beaucoup d'attente ?
- ... (avec de gros yeux étonnés)
- Non, parce que sinon, je vais ailleurs.
- ...
- ?
- ben... de toute façon, si c'est la main, y a toutes les chances pour qu'on vous renvoie ici, alors...
- ah ben ok.

Longue attente, grandes discussions pour savoir si oui ou non une anésthésie est faite avant la suture. Mon frère penche pour le oui, moi pour le non. Le futur prouvera que je ne suis pas si pessimiste. On me fait un pensement provisoire, en m'expliquant que si l'index saigne aussi, ce n'est pas un hasard : il y a carrément un bout qui manque...

On me demande aussi pourquoi mon numéro de téléphone commence aujourd'hui par 335 alors que leur dossier indique 735. Je leur explique que la dernière fois, j'ai dû écrire avec la main gauche, et qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles.
On me demande ma profession : j'avais laissé la ligne vide. Toujours la même question de savoir pourquoi ils veulent savoir ça.
- Euh... ben y a pas vraiment de titre, alors... ben mettez assistant.
- (mon frangin:) Pourquoi tu mets pas pilote de course ou astronaute ?

Passage en salle de suture, mon frère doit mettre un masque sur la bouche, mais moi je peux tousser allégrement sur ma plaie si ça me chante. Longue attente de nouveau.

avantSuture2   avantSuture1

La doctoresse de garde arrive, regarde de ses yeux las d'un dimanche de garde plus occupé que prévu pour elle seule mon dossier et me dit :
- Vous êtes assistant ? Médical ? Vous bossez au CHUV ?
- Euh, non... informatique, on dira. Rien à voir.
- (mon frangin) Tu vois, t'aurais dû mettre astronaute.

La doctoresse me demande la permission de faire deux points de suture sans anésthésie. Je réponds que je ne préfère pas, mais que si je n'ai pas le choix, eh bien, je n'ai pas le choix (que de répartie, dans ces moments, non ?). Elle prend évidemment ça pour un oui, tout en réfutant catégoriquement les accusations de mon frère en disant que les coûts de la santé ne sont jamais un critère dans les choix des soins.

2 jours avant encore, un médecin disait que j'étais peu sensible à la douleur. Soit. Là, je crois connaître le pire en me sentant transpercé de part et d'autre, et je réprime difficilement un cri de douleur. On m'assure qu'on en est qu'à la désinfection, et on me prie de bien vouloir garde la position pénible avec ma main, pendant que mon frangin me masse les chevilles pour me faire penser à autre chose. Quand vient le "attention je pique" que je ne connais que trop bien, je me rassure en pensant que ce n'est pas vraiment 10 x fois plus douloureux qu'une piqûre traditionnelle. Juste 3 à 4 fois. Mais en fait, tout se situe dans la passage de l'aiguille dans le bout de peau flottant : je pense que d'avoir un hameçon pris dans le doigt et qui arrache tout n'est qu'une petite pincée en comparaison. Malgré mes efforts pour me retenir, je gueule comme un con, sous le regard désolé de l'infirmière qui pensait elle aussi que j'aurais droit à une anésthésie.
La couturière sadique me dit de bien vouloir pour la dernière fois tenir ma main dans la bonne position, alors qu'elle tire sur les fils pour faire le noeud, me faisant vraiment croire qu'elle fait exprès pour me punir.
- Si c'est pour me faire comprendre que je dois faire plus attention la prochaine fois, y avait pas besoin, j'avais déjà compris dans ma cuisine.
- Attention, je pique.

Cette fois, je ne cherche même plus à retenir le moindre son et finis par demander à mon frère - en toute ironie quand même mais bien à voix haute - de me procurer un formulaire de dépôt de plainte pour atteinte à l'intégrité corporelle avec volonté de nuire et circonstances aggravantes pour souffrances inutiles, ce à quoi il me sort le numéro de l'article pour "cas de force majeur" ou "nécessité d'intervention". Il n'empêche que j'ai trois fois plus mal qu'avant, à ce moment.

On me fait un petit bandage en forme de lapin, seul réconfort que j'arrive à trouver à ce moment et qui finit par me faire beaucoup rire. En sortant, la salle d'attente entière me regarde avec un petit sourire crispé : la porte de la salle de suture était restée ouverte et pas un n'a manqué mes vocalises.

doigtsCousus   poupeeLapin

De retour à la maison, la faim me tenaille toujours, et je suis censé en plus prendre mon Ponstan anti-douleur avec un repas. Problème : dans la poêle se trouve peut-être un petit bout de doigt, et il n'y a pas plus ressemblant à un bout de doigt qu'un morceau d'échalote aux teintes blanc-rosé. J'ai vite abandonné les recherches, tout en me disant que ce ne serait qu'une étape supplémentaire de mon onycophagie maladive.

boutDoigt
Bout de doigt ou bout d'échalote ?

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Commentaires
A
L'index avait un tout petit bout superficiel de moins, et le majeur était le plus coupé, même si tout était encore accroché. C'est bien le majeur et juste lui qui a été suturé.<br /> <br /> Sur l'index, il me reste plus qu'une cicatrice quasi invisible d'un mm carré. Faut savoir qu'elle est là pour la voir...<br /> <br /> Maintenant, question : pourquoi cette demande de détails morbides ? (Ok, c'est moi qui ai commencé en étalant mon histoire, mais quand même...)
F
En fait c'était l'index le plus coupé en fait.<br /> C'est quand même grave ce que t'as eu, t'as perdu à vie un bout de doigt. Mais t'as perdu de la chair ou du derme simplement? As-tu une cicatrice sur le majeur aussi?<br /> On t'a suturé l'index seulement ou l'index et le majeur?
A
1) Y a un bout de chair, tout petit, qui est parti sur un doigt ; j'ai encore une marque d'un mm de diamètre. Sur l'autre doigt, c'était juste coupé, mais encore accroché :-)<br /> <br /> 2) Pour la vidéo, j'avais "mettre" et pas "remettre". Du coup, j'ai cru que tu demandais les images du moment de l'incident... Je m'apprêtais à répondre que, si j'avais bien demandé une équipe de tournage, elle n'était malheureusement pas encore arrivée et que l'envie de me mutiler était trop forte pour que je les attende...<br /> <br /> Pour la vidéo en lien, ce n'était pas la mienne... Il s'agissait d'un extrait du Coeur a ses raisons, sans doute. Mais lequel... aucune idée ! :-)
F
Tu t'es vraiment coupé un bout de doigt ou juste de la peau? Est-ce que tu t'es coupé de la chair?<br /> Pourrais-tu remettre ta vidéo en ligne?
A
Très cher GoreMan,<br /> <br /> Effectivement, nombreux sont les abus et je connais assez bien (vous le connaissez assez bien, vous ne le connaissez pas parfaitement !) nombre de médecins qui m'ont conté des histoires allant dans ce sens.<br /> Cela étant, la majorité des frais étant remboursés par les assurances maladies, je ne crois pas que les médecins gonflent la facture afin de dissuader les gens de venir pour un rien.<br /> <br /> Pour mon cas, je ne pense pas être du genre à me rendre aux urgences ou chez le médecin pour rien ; en règle générale, on me demande plutôt pourquoi je ne suis pas venu plus tôt. Je ne consomme des médicaments qu'exceptionnellement, et je ne consulte qu'après m'être convaincu longuement qu'il n'y a rien d'autre à faire - chose rare malgré les avertissements de certains de mes amis qui ont souffert de maladies mal soignées, allant jusqu'à la septicémie ou l'opération du coeur...<br /> Les deux seules fois où je suis allé consulter avec un grand doute sur le bien fondé de l'entreprise, je me suis retrouvé au bloc opératoire les jours suivants, preuve que la décision était plutôt bonne et que mon hésitation était, elle, mauvaise et carrément dangereuse.<br /> <br /> Pour mon doigt, il ne s'agissait pas d'une simple coupure verticale, mais d'une coupure dans l'axe du doigt, laissant un bon morceau de chaire de deux centimètres flottant, dont je n'ai d'ailleurs toujours pas recupéré la sensibilité. Si une désinfection correcte d'une telle plaie demandait déjà l'intervention d'une personne s'y connaissant un minimum, je crois que personne n'aurait contesté l'opportunité des deux points de suture afin de s'assurer une rémission correcte à l'endroit si sensible qu'est un bout de doigt.<br /> Déjà l'infirmière qui s'est occupée de moi au début ne voyait pas d'alternative, malgré ma grande réticence envers une opération pareille ; et je dois dire que si je n'avais pas moi-même pensé inévitable de devoir en passer par là, je me serais très volontiers abstenu d'aller aux urgences, au risque de me voir infligé ce même traitement par simple mesure de précaution.<br /> <br /> J'espère que ces précisions auront évité de me voir mis dans le même sac que des gens dont je ne cautionne pas le comportement. Ah, et pour tous ceux qui m'ont prié instamment de ne pas ajouter d'autres photos de mon doigt parce que beurk, n'allez pas voir le site de GoreMan. Pour les autres, foncez ! (Mais ça, je vous l'avait déjà dit dans mon billet numéro 10: http://anceps.canalblog.com/archives/2005/11/07/971498.html )
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