476. Tronche banale pour un air honnête

Je parlais il y a quelques billets des annonces dans le train. Eh bien, j''ai eu le droit l'autre jour à un contrôleur de bonne humeur qui tenait à rassurer les passagers du dernier train pour Lausanne :
Mesdames, Messieurs, nous arrivons à Lausanne, veuillez nous excusez pour le retard. Toutefois, pour ceux qui ne dorment pas : toutes les correspondances sont assurées, mais dépéchez-vous quand même de changer de voie. Et pour ceux qui dorment... ben je passerai les réveiller ! -clic - (30 secondes) -clic - Et pour ceux qui restent sur Lausanne, vous pouvez prendre le taxi-bus ! Pour 5 francs, t'es à la maison !

J'étais rassuré, mais pas d'avoir une correspondance (je rentre chez moi à pied depuis la gare) ; j'étais rassuré de voir que je n'étais pas le seul à avoir de longues journées et à manquer de repos.

*

Mais ce qui me fait dire que j'ai une tronche banale et un air honnête, c'est que j'ai pu voyager en train sur quatre trajets sans titre de transport.

Ayant oublié mon porte-monnaie au boulot (avec abonnement général, argent et pièces d'identité), je me suis retrouvé dans le train pour Lausanne. Sans même savoir que je n'avais pas mon abonnement avec moi, par paresse de devoir le sortir, je me suis contenté de ne pas lever la tête lors du passage du contrôleur. Comme toujours, il est passé à côté sans broncher, pensant que j'avais déjà été contrôlé ; pourtant j'étais encore essouflé d'avoir couru pour ne pas rater le train.

Second trajet, m'étant entre-temps au moins muni chez moi d'un passeport périmé (mais même pas d'un peu d'argent), je vois le contrôleur arriver. Pas de bol, normalement, ce trajet est bondé et je ne suis jamais contrôlé. Je garde la tête baissée. "Vous avez déjà été contrôlé ?" Je m'apprête à dire que non, pas assez sûr de moi pour mentir... mais je me rends compte qu'en fait, la question s'adresse à mon voisin, qui, lui, était déjà dans le train depuis un moment et avait effectivement déjà montré son billet auparavant. Drôle de dégaine, ordinateur portable, il avait tout pour qu'on se souvienne de lui, pourtant.

Troisième trajet, je n'avais pas le courage d'attendre 30 minute un régional sans contrôleur. En misant sur la longueur du train, sur la rapidité du voyage et sur la position initiale du contrôleur, je me suis installé à l'autre bout en pensant qu'il ne serait pas possible de contrôler tout le monde jusqu'à moi. En même temps qu'on annonçait l'arrivée prochaine, le contrôleur arrivait dans le wagon ; au moment où le train déccélérait, il était à ma hauteur et ne se laissait pas conter par mon air savamment travaillé du "déjà contrôlé". J'ai dû lui avouer que j'avais laissé mon abonnement à la maison. - Vous descendez où ? - Ici, à Lausanne ! Je lui donne mon passeport. Le train était arrêté, j'ai dû l'accompagner sur le quai. - Vous prendrez votre billet de retour au guichet, tamponné, avec votre nom, et vous pourrez vous le faire rembourser avec une taxe de 5 francs. - Et pour maintenant ? - C'est bon !

(Et quatrième trajet, train régional, pas de contrôle. Dommage, j'avais cette fois la preuve de paiement de l'abonnement avec dates de validité et mon nom clairement indiqué.)

Depuis, je me demande : faut-il se réjouir d'avoir une tête qui inspire la confiance ou bien se chagriner de ressembler à n'importe qui ?

Comments

[The 6L20]

j'ai la manie de sortir mon billet des que je vois l'ombre d'un contrôleur dans un train, mais bien souvent ils ne fait que passer, et s'arrête a d'autres siège, ou quand il voit que je me suis donné la peine de sortir mon billet il me contrôle.

ceci dit, avoir un air honnête est tout de même quelque chose de non négligeable et appréciables!