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Ma vie est formidable,
30 janvier 2008

553. Cerveau-lutionnaire

Le cerveau est une grande chose, il faut le dire. Un amas de cellules dont chacune a un fonctionnement pas très compliqué du fait de sa taille, mais pourtant pas encore complètement décrypté. Et de ces briques de bases, de leurs interactions et de leur modifications naît une complexité propre à donner la conscience, l'intelligence, la réflexion et la mémoire.

J'aime beaucoup le parallèle fait par Douglas Hoftstadter, dans son livre Gödel, Escher et Bach, où un animal discute avec une fourmilière. Et cette fourmilière a une conscience, créée par les fourmis qui la composent et les interactions entre elles et l'environnement. Mais les fourmis ne le savent pas, pas plus que nos neurones ne savent que leur association crée une conscience à un autre niveau.

On a un peu ce parallèle avec les êtres vivants et la Théorie l'Hypothès Gaïa, qui énonce que la terre se régulerait automatiquement et serait une sorte d'être vivant elle-même. De la même façon, y aurait-il une conscience qui émergerait des interactions des êtres humains, sans que nous nous rendions compte ? C'est bizarre à imaginer, mais pourquoi pas ?

On peut plus ou moins mesurer l'intelligence, selon des critères que ne satisfont que ceux qui les ont inventés, mais la conscience ? Comment dire ce qui se passe dans la tête d'un mammifère ? D'un insecte ? (Une bactérie, c'est plus facile : n'ayant pas de cerveau, on peut légitimement se dire qu'elle ne réfléchit pas beaucoup, surtout si elle est blonde.)

*

Et de même, à partir de quel degré de complexité un réseau neuronal* peut-il être doué de conscience ? À partir de quand les robots du futur auront-ils une conscience ? Un robot pourra-t-il aimer ? Mon robot-ménager refusera-t-il soudain de mixer du porc car c'est contre sa religion ? Des tas de questions auxquelles la science de l'intelligence artificielle ne répondra sans doute jamais.
* genre d'amas de briques logicielles simples, semblables, qui ont du coup des propriétés intéressantes : elles peuvent se réorganiser et se remplacer en cas de problèmes avec certaines ; une certaine complexité peut être atteinte ; elles imitent un peu le fonctionnement du cerveau, etc.)

Justement, Matoo parle des robots d'Asimov. Allez lire, c'est très bien expliqué pourquoi c'est si bien. Et j'adore l'idée que les cerveaux positroniques (je crois que c'est comme ça qu'ils s'appellent) des robots est trop complexe pour les comprendre et les réparer autrement que via la psychologie.
Une chose en revanche à laquelle je dois me distancier : les fameuses Trois Lois de la robotique. C'est intelligent, c'est bien pensé, c'est clair, et ça permet de faire des belles histoires en explorant le thème. Sauf que y a un truc qui me chiffone : de penser que parce que ces lois sont enfouies au centre du cerveau positronique et qu'elles ne pourront jamais être contournées, sauf dans des rares cas attendant à la psychologie du robot. Mais ces lois, ce n'est pas comme un sort magique de vérité lancé par un Dumbledore et qui différencierait par un moyen aussi peu explicable que la magie en elle-même ce qui est vrai de ce qui est faux. Non, l'interprétation des lois de la robotique se fait par le robot, en fonction de ce qu'il sait. Mais comment être sûr qu'il sait toujours ce qui peut tuer ou non un être humain ? Et s'il devient déficient ? Et s'il faisait simplement des erreurs de jugement ? Non, ces trois lois de la robotique qui ne peuvent en quasi-aucun cas être contournées, cela reste un peu trop théorique (mais non moins intéressant).

*

Dans les autres bizarreries du cerveau, je me demandais dimanche s'il était possible que quelqu'un ne souffre d'aucune névrose, pas même à petite dose. Pas tant dans l'idée qu'il n'est pas possible d'être parfait, mais je crois qu'on ne serait pas normal si on n'avait pas en soi ce fratras de problèmes psychologiques acquis durant notre vie et sans qui nous ne serions pas nous-mêmes. La question étant : que se passerait-il si on arrivait à créer un cerveau sans faille ? Pourrait-il seulement fonctionner ? Tournerait-il rond à tel point qu'il ferait une boucle infinie ? Se mettrait-il à imploser sous l'absence d'écueil interne propre à déstabiliser les flux neuronaux mais aussi à les entretenir ?
Les avis des psych-ologues/-othérapeutes/-analystes/-iatres qui me liraient sont les bienvenus.

*

J'aurai l'occasion de revenir sur la puissance du cerveau et sa façon d'interpréter le monde qui nous entoure et qui nous paraît, pourtant, perçu de manière très objective. (On pense voir les choses et les gens comme ils sont en apparence, alors qu'on ajoute une couche d'interprétation très variable sur tout ce qui nous entoure, pour leur donner un sens.)

Voilà juste de quoi poursuivre sur la question, avec des nouvelles toutes fraîches d'aujourd'hui ! Si avec ça vous n'êtes pas convaincus que cela vaut la peine d'utiliser votre cerveau plus souvent, moi je sais pas ce qu'il faut faire.

  1. La mémoire pourrait être réparée [en].
  2. L'utilisation des outils, pour le cerveau, se passe comme si l'outil faisait partie du corps [en].
  3. On pourrait entrer ou sortir d'un état d'autisme à volonté. Oui, entrer aussi, par exemple si on veut pouvoir se concentrer un moment...
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Commentaires
A
Oui, on touche de toute façon à l'impossibilité de pouvoir apréhender sa propre pensée. Heureusement que je n'ai pas développé plus, on aurait fini par tous avoir mal au crâne :-D
S
Développement passionnant... qui demande quand-même qu'on adhère à la croyance de base qu'une réalité objective existe, même si elle apparaît modifiée par des couches d'interprétation. Or l'objet est hypothèse mentale. Si "objets" il y a, c'est plutôt sous forme d'électrons, protons, neutrons, quarks.<br /> <br /> Admettons l'hypothèse d'un objet "corps" avec son cerveau et ses moyens dits de perception. Des stimulis agissent sur les sens, ils sont ensuite codés et transmis au cerveau sous forme de signaux électriques. Le cerveau bricole alors la réalité perçue... perçue ou construite de toute pièce??? Nous entendons, voyons, sentons, goûtons, touchons avec le cerveau. À cela s'ajoute la sensation de soi. Quel Réel dans la réalité perçue?<br /> <br /> Le vertige total: la prise de conscience que la perception que j'ai d'un moi percevant est soumise à la même incertitude (improbabilité?) que tout le reste!<br /> <br /> La seule certitude : il y a perception d'un moi percevant. Le reste...
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