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Ma vie est formidable,
1 août 2006

306. Bonne fête nationale !

Le 1er août, c'est synonyme pour beaucoup de gens de jour férié, et pour les gosses de feux d'artifice. Mais c'est surtout la fête nationale suisse (notez qu'on définit ça juste sous l'article de la constitution n° 110, intitulé... travail, c'est bien suisse !). Ah, pourquoi n'aurait-on pas plutôt congé le lendemain pour se remettre d'une longue soirée mémorable rythmée par les feux d'artifice qui suivent traditionnellement le discours de Monsieur le syndic (auquel je n'arrive jamais à être présent) et qui, même avec une vue sur le lac (Léman) et tous ses petits villages qui y vont de leur plus beaux feux, n'arrive pas à la cheville des 46 minutes de feux d'artifice des fêtes de Genève ? (Les feux des fêtes de Genèves étaient autrefois un concours, ce qui voulait dire le meilleur des dernières nouveautés ! Et en plus, comme c'est Genève, je ne dis pas Oh mes beaux impôts bleus ! Oh, mes beaux impôts rouges ! quand ceux-ci partent en fumée.)

Le 1er août, c'est donc l'anniversaire de la Suisse, de sa création. Enfin, une des dates, parce qu'on n'est pas tout à fait sûr. On a un document qui serait le pacte fondateur, écrit en latin et tout et tout, et qui dit début août 1291, donc on a pris le premier, ça vaut ce que ça vaut. C'est la date officielle. Seulement, il pourrait bien qu'en fait, il s'agisse d'un faux pacte, et que la véritable alliance ait été faite en novembre 1307 ; voilà qui n'arrange pas nos bidons, mais c'est l'occasion de refaire un 700e anniversaire de la confédération dans une année.

Parlons un peu de cette création d'une confédération. On ne parlait pas vraiment de cantons à l'époque, tout se faisait en fait au niveau de la vallée (maintenant, c'est commune - canton - état fédéral, c'est moins typique). Mais si on fait correspondre un peu, on dira qu'il y avait au tout début trois cantons : Uri, Schwyz et Unterwald. Unterwald, c'est aujourd'hui la réunion de Obwald et Nidwald, qui n'ont droit chacun qu'à un siège au lieu de deux au Conseil des États, et c'est pour cela qu'on parle de demi-cantons, mais en fait, à part ce nombre de représentant, c'est exactement comme des cantons au niveau légal (il y a 26 cantons en Suisse, dont 6 qui peuvent avoir l'appellation de demi-cantons). Ces trois (ou quatre si on veut pinailler) cantons sont appelés les cantons primitifs, et pour une fois, c'est parce que c'était les premiers et non pas pour qualifier leur mentalité - bien que ça a dû forcément jouer un rôle pour qu'on garde cette expression. En allemand, on appelle ça les Waldstätten (voire le canton des Waldstätten sous la République helvétique), ce qui signifie les cantons de la forêt, et c'est assez marrant de penser que sauvage, ça qualifie étymologiquement les animaux de la forêt. Sauvages et primitifs, bienvenue en Suisse centrale ! Non, mais je vais arrêter ; je me suis promis de ne pas critiquer.

Gilles le chantait dans Nos ancêtres les Waldstätten (fin du 1er couplet) :

Nous Vaudois, de langue française, plutôt mous par tempérament
Nous n'éprouvons aucun malaise - et le premier août notamment -
À célebrer d'un coeur sincère, avec ceux d'Schwytz et ceux d'Olten
Nicht wahr Bolomey ? mon vieux frère, nos ancêtres les Waldstätten !

Ainsi, des représentants de ces cantons primitifs se sont retrouvés. On garde en mémoire surtout un représentant de chaque, pas celui qui avait la plus grande gueule (on n'aime pas ça en Suisse) mais celui qui avait plutôt eu le moins d'histoires jusqu'ici. J'appelle à pactiser Walter Fürst pour Uri, Werner Schreier Stauffacher pour Schwyz et Arnold an der Alden von Melchtal, appelé par ses potes plus sobrement Arnold von Melchtal. Ces trois-là sont célèbres et ont leur photo statue ou peinture un peu partout, généralement les bras en l'air, les doigts pliés selon une formule secrète qu'on ne donne qu'aux futurs membres du Conseil Fédéral au moment où ils promettent à leur tour de ne pas trop piquer dans la caisse et de ne pas prendre trop de décisions. (En fait, c'est pouce, index et majeur en l'air, et les deux derniers doigts qui sont repliés, mais ne le répétez pas : ça pourrait donner des envies de faire de la politique.)

ruetlischwur

- Et celle-là, tu l'as vue ? Tu vas te la ramasser !
- Et un, et deux, et trois-zéro !
- Oh, regardez ! Un oiseau mort !
- Mais t'avais pas de l'arthrite, toi ? Vas-y, replie encore une fois les doigts pour voir !

Ces trois hommes, on les appelle... les trois suisses. Ou les trois confédérés, dans d'autres langues. Et ils ont donc décidé de se retrouver ensemble, avec une trentaine d'hommes selon certains, mais ça n'empêche pas qu'on ne voit que les trois principaux sur les illustrations - ah les artistes sont des fainéants. Et où sont-ils allés ces braves gens ? Dans un coin discret : la prairie du Grütli. En allemand on dit Rütli (ce qui veut dire la petite prairie, donc la prairie du Grütli, c'est un pléonasme, merci de suivre), mais les francophones et les italophones se sont dit que ce serait tellement plus joli de mettre un G devant (en allemand, on dit Gué, et c'est plus drôle). Aujourd'hui, le Grütli n'est accessible que par bateau. Il faut dire que c'est au bord du lac de Lucerne, aussi appelé... lac des Quatre-Cantons (non, c'est toujours bien un seul canton pour Unterwald, mais on ajoute le canton de Lucerne au trois premiers).

ruetli

La prairie du Grütli, à ne pas confondre avec le Gruetzi (mittenan').
(Photo piquée sur www.tell.ch, qui donne aussi l'histoire, en allemand.)

Sur ce coin d'herbe (et hop, une autre photo), nos suisses primitifs ont donc décidé de s'allier pour se porter mutuellement secours en cas de besoin. On ne sait pas trop donc s'ils ont signé un pacte ou s'ils l'on fait juste oralement. C'est pour ça qu'on appelle cela le serment du Grütli. En allemand, on dit Ruetlischwur, la promesse du Grütli. Le pacte écrit, qui est peut-être un faux mais on se plaira de croire que non, est rédigé en latin. On trouve la traduction du pacte fédéral sur le site officiel de la confédération,où l'on constatera que la présomption d'innocence n'était pas encore un concept à la mode (puni de mort [...] à moins qu'il ne puisse prouver qu'il est innocent). L'original est gardé dans un musée de Schwytz, mais il a fait dernièrement une balade aux USA, ce qui a créé une petite polémique.

Pour terminer, voilà le récit de l'histoire du serment du Grütli, écrit par je ne sais plus qui mais je vous le mets dès que je retrouve. Ah, et avant de sortir fêter toute cette histoire ce soir, n'oubliez pas de calibrer votre drapeau suisse.


Dans la nuit du mercredi avant la Saint-Martin, au mois de novembre, Fürst, Melchtal et Stauffacher amenèrent dans ce lieu chacun dix hommes d'honneur de son pays qui avaient loyalement ouvert leur coeur. Lorsque ces 33 hommes courageux, pleins de sentiment de leur liberté héréditaire et de leur éternelle alliance, unis de l'amitié la plus intime par les périls du temps, se trouvèrent ensemble au Grutli, ils n'eurent peur ni du roi Albert, ni de la puissance de l'Autriche. Dans cette nuit, le coeur ému, se donnant tous la main, voici ce qu'ils se promirent :

En cette entreprise, nul d'entre eux n'agira selon ses propres idées, ni n'abandonnera les autres ; ils vivront et mourront dans cette amitié ; chacun maintiendra, d'après le conseil commun, le peuple innocent et opprimé de sa vallée dans les antiques droits de leur liberté, de manière que tous les Suisses jouissent à jamais des fruits de cette union ; ils n'enlèveront aux comtes de Habsbourg quoi que ce soit de leur biens, de leurs droits ou de leurs serfs ; les gouverneurs, leur suite, leurs valets et leurs soldats mercenaires ne perdront pas une goutte de sang ; mais la liberté qu'ils ont reçue de leurs ancêtres, ils veulent la conserver intacte et la transmettre à leurs neveux.

Tous ayant pris cette ferme résolution, et dans la pensée que de leur succès dépendait probablement la destinée de toute leur postérité, chacun d'eux regardait son ami avec un visage confiant, et lui serrait cordialement la main. Walther Fürst, Werner Stauffacher et Arnold an der Halden du Melchthal, les mains levées au ciel, jurèrent au nom du Dieu qui a créé les empereurs et les paysans de la même race et avec tous les droits inaliénables de l'humanité, de défendre ensemble la liberté en hommes. Les trente, entendant cela, levèrent la main et prêtèrent au nom de Dieu et des saints ce même serment. Ils étaient d'accord sur la manière d'exécuter leur projet ; pour le moment, chacun, retourna dans sa cabane, se tut et soigna sa femme et le bétail.

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Commentaires
N
Tu parles... <br /> Question pour un champignon, oui !<br /> <br /> ( Le temps qu'elle pousse... )
A
- Un indice, chez vous, au bas de votre écran.<br /> [Au départ du Lorze]<br /> Top !<br /> Lac suisse, je suis dans le canton de Zug. [Bup !]<br /> Kir ?<br /> - Le Lac de Zoug ?<br /> - Non ! Kir passe la main... Top ! Ma superficie est de 7,3 km carrés. Je suis à une altitude de 724 m et possède une profondeur maximale de 83 m. Mon principal affluent est le Hüribach. La bataille de Morgarten s'est déroulée à mes côtés. Mes deux villes bordantes sont Unterägeri et Oberägeri. Je suis... je suis... je suis... ? [Teuuuuut]<br /> Le Lac d'Ägeri !<br /> Eh bien, Kir, vous sembliez bien partie, et confiante sur ce sujet. Que... qu'est-ce qu'il s'est passé... ?<br /> Ce n'est pas grave, nouvelle question, pour un... champion !
K
Et bien, vivement un thème *Suisse* à Questions Pour Un Champion, j'me sens au top là !
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