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Ma vie est formidable,
20 mars 2006

149. Moi, un psychopathe ? Euphémisme.

Pour ceux qui n'ont pas eu la joie de recevoir ce test dans leur lot de friendly spam, je vais vous le livrer d'abord, afin de ne pas gâcher votre possibilité d'en savoir bien plus sur vous par le truchement d'une questions savamment posée et au résultat scientifiquement éprouvé.

Le friendly spam ? Ce sont tous ces pourriels (spam, ou courrier indésirable, ou encore pollupostage) envoyés par vos propres amis, non pas à la solde d'un marketing sournois mais d'un manque profond de neurones actifs. Je ne dis pas que je n'aime pas recevoir des calendriers avec des hommes nus, des tests stupides ou des images drôles, mais quand c'est pour recevoir 20 fois une histoire à la moralité abrutissante et consensuelle, où la moitié du texte n'est que menace des pires calamités si on ne poursuit pas le cycle de la chaîne du j'emmerde mes contacts mails, ou pour recevoir un avertissement sur hotmail qui vérifie l'activité de ses comptes ou tout autre hoax (canular) qu'une seconde et demie de reflexion ne peut simplement pas laisser passer pour vrai (ah, mais c'est vrai qu'il faut en être capable, mais dans le cas contraire, il existe http://www.hoaxbuster.com, en français), je dois dire que ça me court sur le haricot. Le pire étant que les gens renvoient tel quel un mail avec un historique long comme le bras, incluant 20 signatures, des retraits pour montrer qu'il s'agit de la citation d'un mail précédent qui sont tellement nombreux que tout devient illisible, et - le pire sans doute - offrant plusieurs centaines d'adresses e-mails de personnes inconnues et qui n'ont pas forcément envie de voir leur adresse personelle ainsi divulguée.
Dans ces cas, j'hésite à répondre à tout le monde, jusqu'à la moindre adresse e-mail cachée dans un coin de header, pour dire combien les personnes ayant aidé au relai du mail en question feraient faire un grand bond en avant à l'humanité en se jetant au bas d'un pont. Mais je sais que ce serait vain, les gens n'apprennent pas. Et en plus, ils ont horreur de se suicider, quand ils parviennent, c'est rare qu'ils veuillent recommencer. La solution : peut-être comme je l'ai lu, faire comprendre à l'auteur subtilement qu'on ne veut plus de ce genre de message en répondant et modifiant simplement le sujet par l'ajout d'un UNSUBSCRIBE. Ou alors inscrire la personne à plein de mailing-list, mais c'est vicieux. Et c'est beaucoup plus drôle en vrai, en renvoyant un de ces coupons-réponse pour obtenir un catalogue gratuit d'articles de charme en indiquant l'adresse d'un autre et où il n'y a même pas besoin de signer ; c'est fou comme l'adresse à vite fait de faire le tour de tous les éditeurs et vendeurs de vidéos spécialisées dans le secteur pronographique (sifflotement innocent).

Bon, alors le test est le suivant, et au moins (et contrairement aux apparences), ce n'est pas un test de situation, qui sont peu fiables, parce qu'on ne réagit jamais dans la vie comme on l'imagine. (Enfin, moi j'imagine que je réagirais pas comme je l'imagine, mais maintenant, comme on ne réagis pas comme on l'imagine, je ne réagirais pas ainsi, et alors je réagirais du coup comme je l'imagine, mais comme j'imagine justement que ce n'est pas le cas... aaaaaaaaah !).

C'est une jeune fille aux funérailles de sa mère. Elle y croise une beau jeune homme, qu'elle trouve formidable, à tel point qu'elle en tombe amoureuse (comme si on tombait amoureux des gens parce qu'ils sont formidables, rha, ma bonne dame, c'est bien plus compliqué que ça, tiens, Madame Cuendet, l'autre jour, voilà-t-y pas qu'elle nous fait une crise de la quarantaine en sortant les poubelles et qu'elle se met en tête de vouloir faire du gringue au facteur, eh bien pensez-vous, ... heuf, heuf... pardon.)
Donc c'est le coup de foudre, alléluia, pitou pitou, mais quelques jours plus tard, la jeune fille, qui n'était pas au pair, quoique l'histoire ne le précise pas, tue sa propre soeur. Suivant le moyen employé, elle ne devait plus être tant propre, moi je vous le dis. Le test alors arrive finalement, il est très court (et ne méritait sans doute pas un fichier Word au format propriétaire pour voyager) et tient en cette question dont vous imaginez déjà les contours : Pourquoi qu'elle a fait ça ?

Réfléchissez bien. Parce que quand vous saurez, vous ne pourrez plus participer à ce test.

La réponse, c'est qu'elle pensait revoir le bel homme à l'enterrement de sa soeur (sélectionnez le texte pour le voir).

Bon, maintenant que j'ai la conscience tranquille de ne pas vous avoir appris le fin mot de ce test avant que vous n'ayiez pu le passer, je vais pouvoir passer aux conclusions. Non, parce que je déteste les spoilers, moi j'aurais détesté qu'on me dise que dans le dernier Harry Potter, Dumbledore meurt, ou que dans Usual Suspects, c'est Kevin Spacey qui est le méchant.

Si vous avez trouvé la bonne réponse, c'est que vous avez des tendances psychopathes. C'est mis dans le mail, même que c'est dit que c'est prouvé scientifiquement. Ah, si c'est écrit, alors...Moi j'ai lu une étude prouvée scientifiquement qui disait que les mecs mignons qui se ruaient sur moi en se déshabillant gagnaient jusqu'à 5 cm de pénis, et que si cette information n'était pas relayée à au moins 50 personnes de son carnet d'adresse, eh bien on risquait d'en perdre autant (et 30 cm en tour de poitrine, pour les femmes). Plus d'informations suivront dans ma prochaine news-friendly-spam-letter.

Bon, là où je veux en venir, c'est que je me demande dans quelle mesure je devrais quand même m'inquiéter, et si ma propre réponse devrait être interprétée comme une déviance profonde ou simplement un esprit actif chez moi. Je m'explique. Ce test m'a été rapporté par oral par un collègue. Il n'avait pas encore dit que la fille avait ensuite tué sa soeur, il avait juste parlé de la présence de ce bel homme aux funérailles. Et, selon mon habitude d'essayer de prévoir la suite des propos qu'on me tient et pensant qu'il s'agit bien d'un test de situation avec une question commençant par Que ferais-tu, je lui fait : Si la question c'est de savoir comment faut faire pour revoir le beau mec, eh bien elle a qu'à tuer son père.

Si j'avais su que la bonne réponse au test signifiait une étiquette de psychopathe, je crois que j'aurais ajouté à ma réponse un HA HA HA accompagné de yeux exorbités et d'un rictus à faire pâlir l'ingénieur allemand du billet précédent. Je sais pas, mais c'est comme la salade pour un bon steak, ça aurait bien été avec.

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