556. Et les années homossextiles, alors ?
Aujourd'hui, c'est le 29 février...
Franchement, quitte à nous rajouter un jour dans l'année, ils auraient pas pu le choisir en juin, quand il faut beau et chaud ?
Je vous passe les petits détails, mais si les choses suivantes ne vous disent rien, alors un petit rafraîchissement s'impose.
- La terre tourne sur elle-même en un jour sidéral (une étoile revient au même endroit), mais nous comptons l'année en jours solaires (le soleil revient au même endroit), parce que c'est quand même plus pratique de dire qu'un jour va de minuit à minuit, et que minuit et au milieu de la nuit tout le temps.
- La terre met environ 365.2421878 jours solaires pour tourner autour du soleil, ce qui correspond à une année tropique (l'année sidérale étant un poil plus longue et l'année anomalistique encore un chouia de plus).
- Une année civile comporte un nombre entier de jours, ce qui fait que si on veut pas qu'au bout d'un moment, l'hiver arrive en mai, on doit avoir des années qui n'ont pas toujours le même nombre de jours, histoire de s'aligner.
- Julius César imposa le calendrier Julien, avec une année bissextile tous les 4 ans (de bis=deux, et sextus=sixième). Cela donne une année moyenne de 365 jours + 1 jour / 4 ans = 365.25, ce qui est mieux que 365, mais pas top.
- Le pape Grégoire-machin décida que le décalage accumulé entre les 365.25 et les 365.2421878 commençait à se voir, et que Dieu aurait quand même pu mieux faire les choses. Il décida alors du calendrier Grégorien, plus précis et encore utilisé aujourd'hui, avec des règles compliquées qu'on sait pas si le millénaire va commencer avec un jour en trop par rapport à l'année d'avant qu'était pas la bonne de toute façon. Mais surtout, il décida de supprimer les jours en trop accumlés. Le lendemain du 9 octobre 1582 fut donc le 15 octobre, paf. Ceux qui avaient leur anniversaire entre le 10 et le 14, ben ils étaient pas contents, mais ceux qui se marraient bien et se moquaient d'eux, c'était les 29-févriens qui avaient l'habitude qu'on leur sucre leur jour 3 fois sur 4.
- Le calendrier Grégorien n'a pas été adopté partout en même temps. Genre, en Suède (d'après Wikipedia), ils se sont alignés un peu en oubliant une fois un 29 février ; juste un, déjà, pour voir... et paf, non, ça ne leur a pas plu, donc ils sont revenu en arrière en rajoutant un 30 février l'année bissextile suivante. Mais comme d'autres pays non catholiques, ils se sont finalement rallié au calendrier de Grégoire.
- C'est à cause de la double existence de ces calendriers que la Révolution d'octobre s'était en fait passée en novembre (calendrier grégorien). La russie n'a adopté en effet notre calendrier que quelques années après.
Ces détails remémorés, passons à mon propos : le moment où il faut fêter son anniversaire. Pour ceux qui sont nés un 29 février, la question se pose de savoir s'il convient de fêter le 28 ou le 1er mars à défaut de 29.
Mais la question se pose aussi pour les autres !
Qu'est-ce qu'un annversaire ?
Si c'est la commémoration d'un événement qu'on fait à l'occasion où la même date revient, ça a un certain sens -- déjà parce que c'est plus simple à calculer.
Mais alors pourquoi fêter la Révolution d'octobre en novembre, sous prétexte que c'est la date qui y correspond dans le nouveau calendrier ?
Pourquoi dire que le début du printemps, c'est exactement à l'équinoxe, qui ne tombe pas toujours le 21 mars, plutôt que de décider une fois pour toute que c'est le 21 mars, et tout le monde pourrait dire "c'est le printemps !" sans avoir à lire les annonces des astronomes ou guetter le retour des hirondelles (qui, il faut l'avouer, sont quand même balèzes en astrophysique) ?
Étymologiquement, un anni-versaire, c'est une année tournée, ou écoulée. Rien à voir avec une quelconque date, mais avec le moment où la terre repasse au même endroit que lors d'un évènement. Et du coup, comme le printemps qui n'arrive pas toujours au même moment, l'anniversaire de quelqu'un ne tombe pas toujours, selon cette définition, à la même date que lors de sa naissance.
Il devient alors facile de savoir calculer décider si un anniversaire d'un 29-févrien tombe le 28 ou le 1ermars ; affaire réglée.
Et du coup, maintenant, c'est à vous de jouer, en répondant aux questions suivantes :
- Votre prochain anniversaire, à quelle date exacte tombera-t-il ?
- Jusqu'à quel écart en jours peut-on avoir entre son anniversaire et sa date de naissance ? Toujours en plus ? Toujours en moins ?
- Si vous vendez
des cigarettesde l'alcool à un mineur un jour avant qu'il ait 18 ans officiellement, mais que son anniversaire était la veille (si c'est possible ; cf. question précédente), votre cause serait-elle défendable devant un tribunal ?
Vous aurez toutes ces réponses tout bientôt, dans un prochain billet, avec graphiques et calculateurs à l'appui !
Enfin, sauf pour la question juridique, en fait, parce que je suis pas non plus Maître Eolas, faut pas charrier. Mais la question est vraiment posée et j'attends vos avis ou réponses éclairées : on pourrait dire que la définition de la majorité se base sur un anniversaire civil, défini par la même date que celle de naissance, mais ne serait-ce pas inéquitable que certains doivent attendre un moment de plus que d'autre avant d'être majeur ?
(Et, oui, je sais, vous aussi avez une question : n'ai-je pas mieux à faire d'un vendredi soir ? Si, si... sauf que le prochain 29 février, hein, à moins de rechanger de calendrier, c'est pas pour tout de suite.)
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