533. Une vraie tête de Buric
Alors moi, du coup, je me disais que j'avais une tête de top-model, et que les portes de la gloire, de l'amour et de la beauté s'ouvraient devant mes pas étudiés faits sur un sol tapissé de pétales de roses.
Et finalement, non. J'ai juste une tête de poète. De poète peu connu. Et peint. De poète peu connu peint à la nordique, même. Sur le marché de l'emploi, tout de suite, c'est moins porteur et les débouchés sont aussi rares qu'éphémères.
Je vous présente donc mon sosie, Buric (ou peut-être est-ce Burić, il n'a pas l'air trop connu vous-dis-je), peint en 1958 par Vladimir Weisberg. C'est sûr, les traits me correspondent mieux que ceux de Burrich ; mais sur cette image, j'y reconnais plus mon frangin, à la limite, et surtout une connaissance éloignée qui ne me ressemble pas du tout (ce qui vous avance beaucoup, j'en suis conscient).
Finalement, je crois que c'est surtout l'attitude qui fait penser à moi : un garçon tranquille et réservé, dans son monde, mais plein de jugement sur les autres et qu'on sent bouillonner d'idées horribles. Un poète, vous dis-je.
Bon, ben si je veux faire carrière, faut que je m'y mette tout de suite.
Du poète maudit peint sur toile nordique
Je serais le sosie aux traits énigmatiques
Mais un coup de pinceau, serait-il suffisant
Pour rendre avec brio le jaune de mes dents ?
Bon. Essayé, pas pu. Je vais plutôt en rester au macramé. D'ailleurs, il faut que je finisse mes cadeaux de naël pour les gens que je n'aime pas.
* Pour l'exposition consacrée aux écoles du nord entre le XVIe et le XVIIIe siècle.