418. Germes allophones
Depuis que je vais mieux, merci, je n'ai pas encore recouvré pour autant la totalité de mes capacités intellectuelles. Enfin, c'est ce que je croyais : impossible de trouver des mots simples ou de me concentrer pour exprimer ma pensée correctement.
Exemple au téléphone avec mon père :
- Tu vas quand à la montagne ?
- ben, euh, demain dans la, euh... demain, après la fin de... en... soir !
- Y a les cousins de Bâle* qui y seront, mais je ne leur ai pas dit quand tu arrivais. Si c'est le soir, alors faut les appeler pour leur dire qu'ils peuvent rester encore la journée.
- Euh... je... oui.
- Tu les appelles ?
- Ben... tu veux... si, mais, enfin...
- Alors on fait comme ça, tu les appelles tout de suite ! [clic]
- [in petto, je trouve tous les mots que j'veux] Pourquoi il veut que j'appelle moi ? Aaaaaaaah... faut parler allemand, forcément, et il est pas sûr d'y arriver. Mais moi j'arrive déjà pas à parler français !
* Vu qu'on les
appelle toujours comme ça, c'est à peine si je me souvenais de leur nom de famille en les mettant tout à l'autre bout de mon arbre généalogique dans Geni. À noter, y a pire : j'ai aussi de la famille à
Épalinges, et très longtemps quand on me parlait des
Palindzards, j'ai cru que c'était leur deuxième nom de famille...
Je reprends donc le téléphone.
- Salut !
- Sahli ! [sans doute bonjour en bâlois]
- Ah, tu parles français je vois. C'est très bien ! Alors je continue en français.
- Che... hain peu, foui.
- [pris de remords] Na, ich kann doch auch mal auf Deutsch probieren !
- Yô, o-kRé füh miii ! [J'invente un peu quand même.]
S'ensuit de l'allemand où je n'ai dû commettre que quelques erreurs d'accords (mais avec 3 genres plus le pluriel x 4 cas de déclinaison x les différents genres de déterminants, c'est vite rude d'accorder les adjectifs ; surtout dans une langue qui a une chat, un lune et une soleil). Bon, sans doute truffé de quelques autres erreurs, mais tout ce qu'il y a de plus fliessend (avec fluidité, couramment, en gros). Bref, mon aisance soudaine m'a fait pousser le vice jusqu'à parler de choses dont je n'avais nul besoin.
Une seule conclusion s'impose : après mon coup de mou de début de semaine, j'ai (shlop-)chopé des germes d'une maladie opportuniste ; sans doute une germanose qui tourne maintenant en francite.
Certes, comme le dit Muriel Robin, c'est bien d'apprendre l'allemand, parce que l'allemand, ça occupe. Mais je ne suis pas prêt à perdre la langue française, même contre la langue de guëtt (variante suisse-allemand). Alors je m'en vais vite aller faire un tour au McDo organiser un débarquement de GI's burger avec plein de french fries.