286. J'ai mieux fait de me taire

Ca a commencé avec la vieille voisine qui me voit partir, sac au dos et shorts, tenue de base, donc.
- Vous partez à la montagne ?
- NON [co***asse], (elle est un peu sourde) JE VAIS TRAVAILLER ! [Tu dois plus savoir ce que c'est, avec tes rentes payées par mon AVS ! Et au fait, toi, tu vas où dans cette tenue ? Tu retournes au XIXe siècle ?]

Sur la route, arrêté au feu, une femme au téléphone. Toc-toc, excusez-moi, mais vous vous rendez compte que vous venez de me griller dangereusement la priorité dans le giratoire ? Si vous êtes au téléphone, ça me va, mais je vous demande juste de faire plus attention à la route qu'à votre stupide conversation. (Je n'ai pas pu le lui sortir, ça a passé au vert trop vite.)

Puis ma génitrice, au téléphone :
- T'es pas gentil, t'avais promis de passer pour t'occuper de mon ordinateur ! [description du problème : j'arrive plus à envoyer un mail ; solution proposée par elle-même : régler les noms des serveurs (c'était ce que j'avais fait la dernière fois, avec succès) ; diagnostic : le câble d'alimentation n'était plus branché.]
- Je rentre à 4h du mat', je dors un peu et je repars à 8h, t'aurais voulu que je passe quand ?
- Oauis mais bon, moi j'ai besoin de mes mails ! [Et moi de sommeil !] Enfin, à plus, et travaille pas trop ! [Pourquoi, tu veux que je me fasse virer ? C'est sûr que le travail fait correctement, c'était pas tellement ton domaine.]

Ensuite, la secrétaire :
- Voyez, moi à 17h, je suis en vacances, donc vous vous débrouillez ensuite !
- C'est pour ça que je vous appelle maintenant à 9h30, ça vous laisse le temps de me donner les infos sur les étudiants.
- Oui, mais bon, c'est que moi j'ai pas de liste !
- C'est pour ça que je vous demande de m'en faire une !
- Oui, mais j'ai pas de liste !
- ... On a bien quand même à quelque part une trace de qui a suivi quels cours dans cette école, oui ou non ?
- Euh... ben je ne sais pas, vous savez, les autres années, c'était pas comme ça, moi on me demande de faire des choses, mais comme dit le proverbe, ce qui est possible est possible, ce qui est impossible est en cours, mais pour les miracles, il faut aller voir ailleurs ! [C'est pas un proverbe, et en plus c'est pas ça que ça dit, mais on va pas trop en demander non plus.]
- Ecoutez, moi aussi j'ai des délais, du travail à faire, j'ai passé ma semaine à courir après les profs parce que je ne voulais pas vous demander de le faire, mais du coup je travaille entre 16h et 18h par jour ces temps, donc si vous voulez pouvoir être en vacances à 17h, il faut que je puisse avoir ces informations avant.
- Oui, mais moi je n'ai pas de liste, je ne sais pas comment faire. [Et fermer ta gueule et faire ce que je demande, ça pourrait pas être un début de solution ?]
- Vous avez un copie des bulletins des autres années quand même ?
- Ben oui, ah, oui, ça vous serait utile ?
- Eh bien je vais vous envoyer une liste des étudiants concernés et vous me faxez une copie de leur bulletin, et moi je m'occuperai de regarder qui a déjà suivi quoi, c'est possible comme ça ?
- Ah oui, si ça peut vous arranger. [C'est pas que ça m'arrange, je peux pas faire autrement !]
- Bon, et puisque je vous est en ligne, il me manque les notes du semestre d'hiver du prof. machin.
- Mais je vous ai tout donné, moi !
- Je l'ai peut-être égaré dans toute la paperasse que j'ai dû trié, oui, mais si vous pouviez alors me le renvoyer, ce sera beaucoup plus simple pour moi.
[Un fax et 10 minutes plus tard]
- Oui, alors pour votre fax, merci, mais le semestre d'été et les examens, j'ai déjà... trois fois, même, mais il me faut le semestre d'hiver...
- Ah ! Attendez, alors, il faut que je regarde... Ah oui, vous avez raison, je ne l'ai pas. En fait, c'est un e-mai que j'ai reçu et que j'ai oublié de vous transférer. Je vous l'envoie cet après-midi ? Parce que là, je vais aller manger. Vous aussi sans doute ?
- Non, moi ça fait une semaine que je me contente de biscuits au bureau, mais bon appétit, alors.
- Ah... ah ben alors c'est pas dur que pour moi ! [Et moi, si je gagnais pas plus que toi, ça fait longtemps que je t'aurais foutu une claque.]

Un mandant potentiel :
- Alors il nous faudrait un outil pour faire des devis automatiquement pour ça.
- Mais si je comprends bien, vous n'avez pas encore de règle pour calculer le devis en fonction des éléments donnés ?
- Non, et c'est pour ça que l'outil, on l'utiliserait aussi nous, pas que le client !
- Mmh... et en plus, y a pas moyen de demander clairement au client ce qu'il lui faut, parce que c'est trop complexe ?
- Tout à fait.
- ... C'est-à-dire que nous, vous voyez, on peut faire l'outil, l'interface, et tout le reste, mais il nous faut les règles, derrière, sinon ce n'est pas possible.
- Eh bien je comptais sur vous pour nous aider à trouver la manière de calculer, et pas d'une manière empirique, mais scientifique ! Vous voyez ce livre de 400 pages avec plein de chiffres, eh bien même ça, ça ne suffit plus pour tout déterminer, c'est pour ça qu'il nous faut un outil. [Oui, sauf que ce genre de résultats, c'est même plus du système expert, c'est un travail de thèse conjoint entre un doctorant en microtechnique, un doctorant en mathématiques appliquées, un docteur en psycho et une docteure en sciences humaines du nom de E. Teissier.]
- Oui, mais disons que ce n'est pas vraiment notre spécialité, nous, c'est l'informatique. Une fois que vous aurez la façon de calculer, alors on fera ce que vous voudrez !
- Ah, eh bien désolé de vous avoir fait perdre votre temps. Vous voulez visiter l'usine ? Comme ça vous ne serez pas venus pour rien !
- Euh... d'accord.
- Marchez bien dans mes pas, ça, c'est pas de l'eau, mais de l'acide. [C'est pour faire disparaître les corps des informaticiens précédents qui se sont suicidés sur place ?]

Comments

[Kir]

Ahahaha.
Oui, bon, c'est tout là, comme ça, à froid.
Mais faut me comprendre, y'a une turlutte qui me fait de l'oeil un peu plus loin. J'ai de la lecture(et lire pendant une turlutte, crois-moi que c'est pas facile-facile)
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(sympa ici, t'es prévenu, je reviendrai)