338. Ton pape rasé avec un sandwich aux crevettes

Meurt le pape ! Non, non, juste par curiosité. (préambule)
Je n'aime pas ce pape. Bon, le dernier, outre l'attachement que j'avais pour lui au début parce que c'était quand même mon premier pape, je le portais pas plus que ça dans mon coeur. Et j'attends le décès de l'actuel avec autant de ferveur qu'avec le dernier : non pas dans l'espoir d'en voir un jour un qui soit un peu plus ouvert (sinon franchement cool), - d'ailleurs pourquoi les terroristes n'envoient pas certains des leurs dans la prêtrise dans l'espoir d'accéder un jour à cette fonction suprême, et de foutre le bordel de l'intérieur ? - mais si j'attends la mort de Benoît avec impatience c'est à cause de Malachie. Pour la faire courte, Malachie a prédit qui seraient les futurs papes et a annoncé que le suivant et dernier serait Pierre (le retour de Saint Pierre, ou alors un audacieux qui oserait prendre le nom de Pierre II ?) et que Rome serait alors détruite. Et moi, depuis tout petit, j'attends bien cyniquement deux morts de pape pour voir la tronche de Saint Pierre, quitte à subir les foudres apocalyptiques de Dieu ; au moins on saurait enfin qui a raison dans ces foutues guerres de religion.

Bref, au vu de l'évolution du monde, si Rome est détruite, ce sera sans doute l'oeuvre de terroristes ; et si la lignée stérile des papes doit se terminer, ce sera plutôt le fait des excès dans la doctrine ou alors de la victoire définitive de l'axe du mal, allez savoir. Fin de chrétienté pourrait bien être à fêter, comme dit le dicton pas populaire que je viens d'inventer, mais rien n'est moins sûr. De toute façon, le futur n'est jamais confortable quand on est Malachie.

Je n'aime pas les papes, non, j'aime pas. (témoignage d'objectivité pour la suite)
Il n'empêche que, si je souhaite sa mort prompte pour une raison autre que la haine, je n'aime quand même pas ce pape. Parce qu'il est pape, et donc est le premier de la clique des hypocrites persuadés sans motif aucun qu'eux ont raison en matière de religion et pas les autres, désireux de voir le monde entier suivre leurs préceptes et cela sans même avoir l'excuse de la soif du pouvoir mais par simple crédulité - appelée foi parce que ça sonne mieux - et par manque d'humilité qui les empêche d'imaginer qu'ils puissent être à côté de la plaque. Ne faut-il pas être grandement dérangé pour se croire guidé par Dieu lui-même ?
Certes, c'est bien d'avoir des curés qui soulagent votre conscience ou vous explique qu'il n'est pas bien d'aller tuer son voisin parce qu'il fait trop de bruit mais qu'il faut plutôt chercher la conciliation : ce genre d'avis, on en manque, même, sans doute. Qu'on vienne me dire qu'il ne faut pas avorter, parce qu'on considère un foetus comme un être vivant, je peux comprendre le discours même si je ne suis pas d'accord. Mais qu'on tue le médecin qui pratique un avortement, je trouve cela révoltant.
Qu'on vienne me menacer d'une peine éternelle si je mets un préservatif, et je trouve cela criminel. Qu'on vienne me dire qu'un homme peine Dieu s'il embrasse l'homme qu'il aime, et je trouve cela simplement ridicule.

Le dernier scandal papal (mon avis sur la question)
Vous l'aurez donc compris, je n'aime pas le pape. Mais je trouve quand même disproportionné la réaction face à ses propos qui ont choqué le monde musulman, et je trouve qu'il fait bien son boulot. Ben oui, je dois lui reconnaître ça : en mettant de côté ses convictions que je n'aime pas, il faut avouer qu'il est intelligent, et qu'il s'en sort pas trop mal pour ménager la chèvre et le chou : c'est-à-dire essayer de faire appliquer dans notre monde d'aujourd'hui un vieux règlement complexe et métaphorique sans trop forcer les gens, tout au plus en leur faisant miroiter un paradis qu'ils seraient bien en peine de venir réclamer une fois mort - on pourrais croire les gens moins dupes, mais quand on voit le nombre d'arnaques existantes et qui fonctionnent, on se dit qu'après tout, on est tous humain et donc très con. Et le problème, c'est que son vieux règlement, on peut l'interpèter un peu, mais personne n'ose le modifier : une vieille superstition mêlée aux dires d'un prophète excentrique en fait une parole divine au mot près, et Dieu a beau être un puit sans fond de bonté et d'amour universel, personne n'a jamais dit qu'il serait totalement dépourvu de susceptibilités d'auteur... et comme c'est un peu lui qui décide de tout on ferme gentiment sa gueule, on dit alléluia et on va oublier tout ça avec un peu de vin de messe.

Et les autres, alors ? (le vrai sujet de ce billet)
Après ce tout petit aparté fait en passant pour vous dire ce que je pensais du dernier scandale papal, voilà ce que je voulais vous faire partager : un texte qui, contrairement à moi, ne prend pas le parti du pape, mais qui soulève avec justesse la très bonne question suivante : et les autres personnes régulièrement insultées, alors ? [en] J'espère que vous comprenez l'anglais, parce que je ne compte pas vous faire un résumé, vous l'avez remarqué ces temps, je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire, alors je me contente du minimum... Et,oui, vous comprendrez alors le pourquoi des crevettes.