224. Bataille de coussins
Etudiants.ch (voir leurs photos, les liens sont en bas de billet) a organisé une bataille de coussins. Et je dois avouer que l'organisation était bien faite, ça valait la peine, et je me réjouis d'une prochaine édition s'il devait y en avoir une. Petit récit d'un moment à part.
Première étape, demander à ma cheffe si elle a besoin de moi avant de quitter le travail pour une heure. 10 minutes avant l'heure officielle, arrivée sur l'esplanade de Montbenon, là où se trouver le tribunal de district, mais ancien tribunal fédéral quand même ! D'ailleurs, les drapeaux cantonaux sont taillés dans les murs et une statue de Guillaume Tell fait la garde.
Montbenon / Tribunal / Guillaume Tell
Le parc est tranquille, certaines personnes sont déjà là, peu arrivent avec leur propre coussin ; il faut dire qu'on nous a promis 400 coussins sur place, et effectivement, on peut voir quelques dizaines de gens avec le même rectangle tout blanc entre les mains. Renseignement pris, ce sont des coussins achetés à Ikéa. A deux-nonante-cinq le GOSA MINI, ça nous fait quand même 1'180 francs, enfin, avec une commande en gros pareille, allez, je vous offre les 80 francs, on est comme ça nous chez Ikéa, tout un état d'esprit je vous dis. Comme j'ai rapporté deux coussins, dont un troué - c'est toujours ça de pris -, j'ai donc gagné 6 francs dans l'histoire, plus un bon boisson, et tout ça pour un bon moment (quand je vous dis que ma vie est formidable). Il y a aussi des barrières, une bonne dizaine de gens équipés d'un t-shirt avec l'adresse du site pillow-fight.ch qui distribuent les coussins ou vont rameuter du monde alentours. Et deux samaritaines. Non, ils ont bien fait les choses, on n'est loin d'un flashmob comme je pensais. Ils ont même sans aucun doute demandé une autorisation à la ville. En tout cas, deux flics sont là, histoire de s'assurer qu'aucune bande de jeunes en perditions ne profite de l'occasion d'avoir de telles armes en leur possession pour régler leurs comptes. Ils ont passé le plus clair de leur temps à discuter équipement avec la poignée de sécuritas (ou protectas, qu'en sais-je) qui étaient engagés.
La vue des Alpes françaises / Le lac /
Le Casino de Montbenon (restaurant) et les spectateurs
Un moment, une vieille passe, avec son mari à côté et un coussin sous chaque bras. Je me réjouis de voir les vieux prêts à se battre pour retrouver une jeunesse sans doute oubliée, mais les voilà qui se dirigent vers le parking... Peut-être une kleptomane qui n'a pas peur d'être vue. Sinon, beaucoup de jeunes dans la vingtaine, parfois à torse nu mais je ne sais pas pourquoi je vous dis ça, revenons à la bataille.
Les flics discutent avec les securitas /
Distribution des oreillers Ikéa / Idem
Le coup de trompe sonne, c'est le début des hostilités.
La foule se regroupe / Les premiers oreillers crèvent /
Les gens rejoignent le centre
La plus jeune, c'est une toute petite gamine, qui s'amuse comme une folle ! Son coussin est aussi grand qu'elle, j'avais un peu peur au début, mais le terrain étant grand, les bords était calmes. Même l'intérieur était assez bon enfant : les photographes ne craignaient pas de se mettre au milieu de la foule. Sur un banc, certains pensaient que le coussin n'était destiné qu'à se protéger la chaleur, sous peine de se prendre une insolation et de délirer, au point de se ruer sur son voisin.
La petite gamine / Les photographes / Les gens du banc
Plutôt tranquille au début - on n'ose pas taper comme ça sur les gens, même si on est tous là pour ça - donc on y va mollement, on hésite, on cherche le contact visuel pour être sûr que la personne ne se vexera pas de se faire taper dessus par un étranger. Si l'on pouvait sous-titré les regards, ça donnerait : - T'es libre ? Oui ! On se tape ? - Ok, j'y vais, là ? - (bam) Ca va, c'était pas trop fort ? Et vite, passer à quelqu'un d'autre, pour ne pas laisser à croire qu'on aurait un grief particulier envers quelqu'un.
Les filles sont à peine épargnées, mais elles s'en donnent à coeur joie. Pour ma part, je n'hésite pas à les prendre pour cibles : elles sont souvent dégagées, car un peu moins agressées.
On tape gentiment / On hésite à se lancer /
Les filles se courent après toutes seules à l'écart
Les coussins commencent à se percer, le rembourrage synthétique à se déverser. Certains ont leur propres coussins, bien plus lourds, ça dégage déjà mieux. L'ambiance chauffe un peu, les gens commencent à s'amuser plus franchement et à s'attaquer sans remords, et même par derrière. Ca commence à puer allégrement la sueur au milieu de la foule : il faut dire que c'est plus physique que prévu ! Sans compter le soleil et la chaleur qui sont de la partie.
On commence à se donner / Attaque par derrière / La foule
Je ramasse un coussin abandonné, et essaie la technique du Je t'envoie un coup de côté que tu pares, et juste après le second depuis l'autre côté et bam dans ta tête. Ca marche trop bien. Ensuite, faut esquiver ceux qui profitent de ce moment pour venir y mettre un coup aux deux protagonistes. Là, il suffit de faire comme au laser-game et beaucoup bouger, puis se retourner pour répliquer avec un bon mouvement circulaire qui chopera si possible au moins deux personnes. Tellement content de voir que ma technique est bien meilleure que n'avaient pu laisser à penser mes tentatives déplorables de jeux vidéos guerriers, je ne peux pas m'empêcher de citer les Gros Cons et de lancer un Comme dans les films de Jean-Claude !... En me voyant arriver, une de mes futures victimes me fait : Ah non, c'est pas du jeu ! - Ben quoi, j'ai deux mains, y a pas de raisons que je me prive !
Moi-même (votez pour moi) en plein sawa-shi-wé (dans l'ventil') /
Membre du staff, qui n'a pas ma maîtrise de la technique dite des deux coussins /
Les coups partent dans tous les sens
Dommage que ce soit si léger, ces coussins, ça manque vraiment d'inertie. Bon, d'un autre côté, les coussins "maisons" commencent aussi pour certains à répandre leurs plumes, et ça fait de jolis nuages gris-brun. Un Maman Fabienne va pas être contente ! sort d'un groupe de jeunes pas loin. Le sol commence à perdre sa teinte verte.
Oreiller maison crevé, avec nuage de plumettes /
A la fin de la bataille, on se croirait à une soirée mousse /
Le terrain, blanc, une fois déserté
Petit moment de pause pour reprendre son souffle et quelques photos (oui, c'est un zeugme). Aussi de la vue sur le lac, c'est tellement beau. Quelque fait cette remarque mythique : C'est mieux qu'une soirée mousse, on n'est pas mouillés ! Et un quinquagénaire à son voisin photographe le questionne : Tu crois qu'il y a des coussins pris chez soi ? Parce que suivant quoi, c'est pas très hygiénique, faut pas mettre n'importe quoi dedans. J'ai pas bien compris moi non plus.
La vue est toujours là / Idem, en direction de Genève
Le boss crie qu'il ne reste qu'une minute, pourtant à peine une dizaine se sont écoulées sur les 15 promises. Les gens se relancent de plus belle dans le combat ; j'entends un Attention, ça va cogner ! ; je retourne à l'intérieur de la foule active, non sans balancer négligemment quelques coups sur les pauvres exténués en train d'en sortir : il n'est jamais trop tard pour faire montre de sa fourberie.
Derniers instants, la determination finale /
On revient pour un dernier round et on attaque ceux qui sont à terre
Coup de trompe. Les gens arrêtent tout de suite, je ne m'y attendais pas. Les gens lancent leur coussin en l'air, c'est joli à voir : je prends une photo parfaite de ce moment, mais plus de place dans mon téléphone pour l'enregistrer... (oui, photos prises avec mon Natel, vous aviez remarqué la qualité). Va falloir que j'en vire quelques-unes. Les gens ne lancent plus leur coussin, trop tard pour la photo. Grands sourires sur tous les visages. On distribue des petits rubans au nom d'une marque de cigarette, avec les mots liberté toujours dessus. Il y en avait déjà attachés autour des coussins : c'est le sésame qui doit nous laisser accès à l'Atelier Volant pour un verre.
Les gens s'arrêtent d'un coup / Bon, on fait quoi maintenant ? /
Mon coussin souvenir, mon coussin trophée (troué) et les rubans
(bonus : lien vers une photo du lancer de coussins final)
Les gens s'éparpillent, rentrent chez eux, leur coussin sous le bras, ou en direction du bar précité. Certains rejouent leur meilleurs attaques, ou continue à se taquiner en couple. Ah, si la guerre c'était comme ça, j'aurais plus volontiers fait l'armée ! Les sécuritas, eux, ont fait leur boulot, à savoir garder un oeil sur le champ de bataille pendant le feu de l'action. Ils partent aussi : Ben voilà... on est peu de chose, hein. Ils ont sans doute épuisés tous les sujets de conversation entre eux et avec les policiers.
Des gens partent tranquillement / D'autres se reposent /
La sécurité s'en va boire un verre, mais les flics (au fond) restent :
c'est mieux assis ici que continuer le boulot en ville, non ?
A l'Atelier Volant, aucun contrôle à l'entrée. Des bons boissons sont distribués, valeur 5 francs - de quoi avoir un Coca - et c'est pas déjà pas mal. Des plats de légumes avec sauce, de charcuterie ou de fromage sont dispersés ça et là. Y en a pas beaucoup, mais comme le monde se fait encore rare, je peux dévaliser les morceaux de poivrons et de céleri. Une masseuse officie avec grâce et peut-être même gracieusement dans un coin. Ah, non, ils ont bien fait les choses ! Je prends un Kinley Lemon - la soif était bien présente après un tel effort - puis m'en vais, non sans un dernier regard vers le beau mec tout seul (il avait l'air hétéro ; et je ne sais pas draguer ; et je devais retourner bosser ; ah oui, et j'ai un copain... non, chouchou, je déconne, en fait, j'y ai même pas pensé à ce beau mec contre la colonne avec son regard de feu et... non rien).
L'Atelier Volant / Le plateau de légumes avant pillage /
Le beau de la colonne (ben non, je n'ai même pas pris de photo...
même pas de la colonne, c'est dire.)
Dehors, quelques personnes qui restent devant l'entrée. C'est 18 ans minimum... tant pis pour eux. Retour au boulot. Tiens, j'ai réussi à me choper une marque de guerre sur le bras, je suis un héros !
Des liens pour des images de meilleure qualité (mais tellement moins perso...) :
- Sur 20minutes, quelques vidéos.
- La galerie de photos sur étudiants.ch (votez pour moi)
(La liste sera complétée au fur et à mesure)