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Ma vie est formidable,
29 mai 2009

645. Chirochorélogie

J'avais cherché longtemps comment expliquer le fait qu'un petit objet à peine pris en main puisse m'échapper en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, avant de se téléporter dans les recoins les moins inatteignables des endroits les plus divers. La télécommande sous le coussin, c'est un classique simple et bien documenté, mais le yoghurt que je sors du frigo et qui réapparait dans la salle de bain, c'est quand même plus étonnant et original (enfin, pas chez moi, donc). Le pire, c'est qu'en général, ce que j'ai en main disparaît souvent au fond d'une poche ou dans mon sac à dos.

Au début, je croyais que c'était les objets qui étaient féés, animés par un mauvais esprit qui les faisaient disparaître pour mieux voir apparaître sur ma figure un désarroi profond. Puis, les retrouvant souvent aux mêmes endroits et mes poches étant très nombreuses dans mes habits, j'ai tenté la voie rationnelle en appliquant quelques principes de probabilités ; sans succès.

L'approche quantique m'aurait sans doute valu un prix Nobel si j'avais seulement pu prouver un quelconque lien avec ces phénomènes macroscopiques. J'ai aussi relu Einstein pour sa théorie de la relativité restreinte, afin de mieux décider si je vivais dans un temps différent de celui de ces choses faites sans doute d'une matière aux pouvoirs merveilleux. Malgré toutes ces recherches, je n'ai jamais pu seulement savoir si le transfert se faisait d'un coup, si l'objet continuait ses déplacements pendant même que je le cherchais, si l'objet retrouvé était bien l'original et non une copie jumelle d'un mauvais spectacle d'illusion, si je n'étais pas la victime d'un Dieu aimant les expériences sur l'humain.

*

Et un jour, j'ai vu l'incroyable se produire, me révélant le secret du mystère. Ma main gauche, saisie de la responsabilité de tenir quelques secondes mes clés -- tâche simple et pour laquelle je lui accordais la confiance que j'aurais envers mon propre bras droit -- s'est approchée subrepticement de ma poche arrière pour les y fourrer, avant de revenir en position et de se donner l'air affairé et innocent en reprenant les journaux portés par sa complice d'outre-corps.

- Elles sont où les clés ?
- Tu vois pas que je suis en train d'aider Main droite à porter ?
- M'en fous, je t'ai donné les clés y a pas dix secondes. Elles sont où ?
- Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui les ai.
- Je vois bien, mais tu les as mises où ?
- Ben on me les a prises !
- Qui ?
- Comment veux-tu que je le sache ? Demande à Oeil gauche !
- Arrête de mentir, il a très bien vu que tu as laissé les clés dans la poche.
- Ben-si-tu-sais-où-elles-sont-pourquoi-tu-viens-me-demander ?
- ... Bon, on reprend. Si tu fais un truc, c'est parce que je te le demande. Si tu fais autre chose, la moindre des politesses c'est de me le dire !
- Tu m'avais dit de le faire. Tu deviens sénile.
- Du tout, et si je faisais de la démence sénile, on me l'aurait dit, et si on me l'avait dit, je m'en souviendrais !
- Gnagnagnagnagnagnagna...
- Tu vas te ramasser une claque !
- De la part de Main droite ? On parie ?
- Ok, j'abandonne. Mais ce soir, c'est toi qui est de corvée PQ.

Oui, j'ai des mains autonomes. Peut-être aussi une partie du cerveau qui leur est propre, je n'en sais rien. Certes, c'est parfois très pratique, comme lorsque vous voulez vous tourner les pouces sans même y réfléchir. Seulement ça vous joue tout le temps plein de tours.

*

Ce matin encore...
J'ai toujours un grand sac à dos avec moi. J'y mets un peu tout et le bruit de la fermeture éclair m'avertit en cas de tentative de blague. Je ne garde en poche que ces trois parts de moi-même que sont le natel, le porte-monnaie et les clés, facilement repérables par un simple tâtonnement le long de mes cuisses et fesses.
Dans le train, juste avant d'arriver, je pense à passer m'acheter de quoi me remplir l'estomac. Je prépare donc mon porte-monnaie. Introuvable. Pas de veste, donc même pas besoin de perdre du temps à chercher dans les 4 poches de celles-ci. Je l'avais en partant et donc fouille le sac : Main gauche (ou Main droite ?) l'avais vite mis dans le sac, profitant que je l'avais ouvert pour en sortir un mouchoir. Et pas dans la poche extérieure d'accès rapide, pas là où se situaient les mouchoirs, mais au fond de la partie centrale. Bien au fond.

Je mets le porte-monnaie dans la poche de mon sweat, en pensant à bien le surveiller, car il peut facilement tomber, puis sors du train. Contrôle habituel : sac - natel - clés - porte-monnaie. Natel ? Natel ? Il est où ? Me voilà donc à fouiller mon sac en dispersant tout son contenu sur le quai bondé. Je l'avais : j'ai même pris une photo dans le train et l'avait donc en main à l'instant !
Hypothèse la plus grande : je l'ai laissé choir sur le siège. Hop, remonter dans le train, jeter Oeil droit (le plus rapide) un peu partout, puis redescendre pour éviter de repartir jusqu'à Neuchâtel car l'examen à surveiller ne commence que 15 minutes plus tard...

Retour sur le quai, désemparé. Contrôle du sac en profondeur, puis j'essaie à tout hasard la toute petite poche externe où il ne peut pas être... sauf quand on a des mains aussi vicieuses que les miennes.

Ouf ! Re-contrôle. Sac - natel - clés - porte-monnaie. Porte-monnaie ? Porte-monnaie ? Forcément, en me baissant sous le siège, il n'a pu que tomber de la poche du sweat, qui est maintenant désespéremment vide... Soupir. Au moins, y a mon nom dedans et il y a donc des chances que je le récupère un jour.

Par acquis de conscience, ou par habitude, je fouille le sac.
Et il était là, au fond de la poche centrale. Une des sales paluches l'avait caché en douce pendant que je fouillais mes affaires à la recherche du natel. Au moins, je n'avais rien laissé dans le train : un souci de moins pour continuer cette mauvaise journée.

Tellement stressé par toute cette histoire, j'arrive devant la porte de mon bureau en ayant oublié de m'acheter un croissant au chocolat, et donc ne pouvant pas même me satisfaire de cette consolation aux vilénies de l'existence.
Et là, impossible de trouver mes clés.

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Commentaires
J
Je souhaiterais que tu regardes dans les innombrables recoins de ton sac si tu ne retrouves pas : le double de mes clés de voiture, le papier avec les dates de réunion importantes avec mr l'inspecteur, et la petite boîte où je mets mes cachets de paracétamol.<br /> <br /> D'autre part, ta théorie de "est-ce que les objets continuent de bouger pendant qu'on les cherche" me semble bigrement intéressante, parce que je me suis posée la question hier après avoir étudié ma cuisine de fond en comble pour retrouver le verre doseur dont j'étais certaine qu'il n'était pas loin, avant qu'il apparaisse on ne peut plus sous mes yeux, là, pile, paf, alors que je suis certaine qu'il n'y était pas les 342 fois où j'avais regardé auparavant. Ce qui m'a tout de même évité d'aller fouiller la salle de bain, mais quand même, hein.
T
humm "tâtonnement le long de mes cuisses et fesses."<br /> <br /> tes mains apprécient au moins? ok je sors.<br /> <br /> <br /> je crois que le mal est juste "avoir l'esprit occupé", de ce fait certaines choses se font instinctivement, a moins que ce ne soit un automatisme...<br /> <br /> va savoir Charles!
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