629. Ca fleure le printemps

20 mars 2009

Avec ces tombées de neige tardives et discontinues, on en aurait presque oublié que le mois de mars est là, et, avec lui, le printemps. Mais les températures un peu plus clémentes ont fait recouvrer aux sols herbeux leur belle teinte verte et c'est donc avec un peu d'étonnement -- mais beaucoup de joie -- qu'on retrouve les premiers indices du retour de sa fille Perséphone auprès de Déméter, qui nous gratifie alors des prémices d'une nature dont la luxuriance ne rivalise qu'avec l'opiniâtreté dont elle fait montre au fil des années et qu'on ne peut alors qu'admirer humblement en ces temps de catastrophisme climato-environnemental.

Et sur les parterres les plus herbus, il faut être bien préoccupé pour ne pas remarquer l'arrivée de ces déversements de couleur : les primevères font en effet étalage de leur lumineux contraste en donnant l'impression que les jardins sont dévorés par une maladie aux teintes d'or mais bien heureusement plus sympathique qu'une jaunisse.
Nullement en reste mais à l'aspect plus modeste, la pâquerette ne joue ni la carte de la taille, ni celle de la couleur, mais celle du nombre et de la durée. Sa teinte blanche rappelle en toute discrétion les flocons d'un hiver disparu et la délicatesse de ses pétales tout fins semble évoquer une fragilité qui tranche sévèrement avec la rudesse* d'une terre qui peine encore à se réchauffer.**

printemps
Photo en attendant que j'en prenne une du jardin chez moi.

EDIT : les photos du jardin !
Le temps était gris, malheureusement.

Les pâquerettes en premier plan / les primevères en banc.

Les fleurs font comme un tapis de feuilles mortes au pied des arbres

Certaines rebelles tiraient un peu sur le violet au lieu du jaune

Oui, si la fleur de l'automne est typiquement pour moi le crocus et celle de l'hiver la perce-neige, vous savez déjà que le début du printemps est pour moi incontestablement le temps de la primevère dont le nom primo vere lui-même en témoigne. Suivent alors la dent-de-lion pour ses propriétés comestibles, les tulipes (qui me rappellent surtout l'horrible moment de ma première communion***) et le muguet de mai.

Étonnamment, la pâquerette, qui tient son nom du fait qu'elle arrive autour de Pâques (période au combien variable suivant les années) m'inspire plus les journées tranquilles d'été à se reposer au bord du lac après la baignade. C'est que cette fleur apparaît tôt mais reste présente longtemps et ce jusque dans le dernier des bocages. Et puisque je n'ai pu resister à la glissade vers l'étymologie, je terminerai quand même le tour des plantes vues ici :

Crocus signife simplement safran, puisque c'est bien de cette plante dont on le tire (en particulier à Mund, dans le Valais, avec AOC).
Il en existe en fait à d'autres saisons, comme le crocus vernus dont je ne vous ferai pas l'affront de vous indiquer sa période de floraison. Et en soleurois, ça signife musique horrible.
Le perce-neige : aucune idée ; peut-être un mot ouzbèque signifiant table moyenne à signal sonore.
La dent-de-lion : à cause des feuilles dentelées.
La tulipe : d'un mot turc signifiant turban.
Le muguet : de musc, à cause de son odeur.

Voilà, c'est donc aujourd'hui que commence la saison des amours, du renouveau et des jours plus longs. Profitez bien du printemps !

* J'aurais bien parlé de manque de tendreté, mais cela ne s'applique apparemment qu'à la viande. Or, je ne tiens pas à semer ici les graines d'une discorde qui pourrait fleurir entre végétariens et carnivores.

** Avec tant de mièvrerie, je suis bien parti pour vous parler aussi de la guimauve, mais vous risqueriez l'indigestion.

*** Veille de mon premier jour de varicelle, je n'avais rien mangé le matin et priait non pas en l'honneur de ma première hostie, mais pour l'avoir au plus vite dans le ventre.

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