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Ma vie est formidable,
4 octobre 2008

584. La technique des pros

L'homme est capable de choses folles ; il lui faut juste d'innombrables heures d'entraînement.

Qui n'est pas subjugué par un pianiste de talent, un jongleur ou un prestidigitateur ? À part peut-être dans ce dernier cas, savoir qu'on à affaire à des humains permet d'écarter l'hyopthèse de la magie, mais on peut rester subjugué devant le spectacle extraordinaire d'un artiste comme s'il s'agissait d'un miracle.

Faut-il un donc particulier ? Ou simplement ceux de la motivation, de la ténacité, de l'assiduité, de l'effort, du travail, et -- surtout -- de la foi en un résultat. Oui, il faut bien tout ça pour réussir un exploit.

Léandri, dans sa Grande Encyclopédie du dérisoire (tome 5, pp. 82-89), évoque les gestes des pros, mais pas des artistes pros, non ! de ceux qui ne sont pas payés pour nous éblouir par leur travail.  Comme exemple, il parle du soudeur (ayant utilisé une seule goutte ... la soudure est parfaite, à l'oeil et à l'usage, et on pleure de bonheur devant un tel prodige), du plâtrier (Un plâtrier ... qui d'un geste d'un seul laisse une surface verticale parfaitement lisse et blanche, ça atteint pour moi le summum de la perfection divine, seulement dépassé mais de très loin par ce même plâtrier qui fiat la même chose AU PLAFOND, en défiant à la fois la pesanteur, la logique et la nature.), du garçon de café (Un garçon de café professionnel [apporte dix bols remplis de liquide sur un plateau], en courant autour des tables, en rendant la monnaie de l'autre main, en poussant un sac du pied, en prenant une commande de l'oeil tout en engueulant le collègue au comptoir. Sans renverser une goutte.) et, finalement, des peintres en lettres, ceux qui avant l'appartition des machines faisant pareil écrivaient les panneaux de tous les jours (Quand on a vu un type peindre un R en Didot ou Bodoni à empâtements, avec à peine un ou deux repères, sans rectifier la moindre courbe, on comprend la complétude cosmique du genre humain.).

Oui, la première limite aux capacités pratiques de l'homme, je suis persuadé que c'est son imagination. Et moi qui  déjàm'émerveille toujours devant le spectacle du pizzaiolo qui fait tourner sa pâte en l'air pour lui donner une forme quasi parfaite et régulière en épaisseur, je n'ai que pu trembler de bonheur, bouche bée et admiratif, au visionnement de la vidéo ci-dessous qui confine au paroxysme en matière d'étalage de pâte.

Comment faire à la main 4096 nouilles d'une finesse extrême ? Eh bien c'est tout simple. Un geste technique de base qui paraît tout simple, et sans doute des années de perfectionnement.

Piano, soudure, jonglage, service ou apparition de cartes, le pire dans tout ça, c'est que pour qu'un exploit paraisse beau, il faut déjà qu'il paraisse simple à exécuter. Et du coup, le profane n'imagine jamais l'ampleur totale du travail qu'il y a derrière.
On peut donc rajouter aux qualités essentielles des grands artistes et grands professionnels manuels ceci : l'humilité.

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Commentaires
A
Je ne sais pas si en l'espèce on peut justement parler de choses simples. Mais la simplicité oubliée est effectivement dans le geste de regarder, de voir la beauté, et de s'en contenter.
T
c'est là ou le savoir faire devient plus important que le savoir simple.<br /> <br /> secret des nouilles la farine je pense...<br /> <br /> ce qui est simple est beau, mais savons nous encore regarder les choses simples?
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