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Ma vie est formidable,
9 juin 2008

575. Un livide, mais au poil

Dans la série des choses que le monde entier devrait savoir au plus vite, il y a ce cauchemar de la nuit passée : j'avais des cheveux blancs, juste une mèche, en plein sur le front.

C'est un cauchemar, oui, et ce pour deux raisons.

La première, c'est que je refuse de vieillir, comme tous ceux qui savent que la décrépitude due à l'âge n'est pas compensée par un gain utopique en sagesse : si l'innocence d'une jeunesse éclatante peut faire oublier le manque d'expérience, jamais un riche parcours de vie ne saurait atténuer la déliquescence d'un corps sénile.

La seconde -- la principale --, c'est que de rêver de choses aussi futiles que la couleur de mes cheveux (qui ne concerne somme toute que la projection que je fais de moi-même face aux autres, tout en m'interrogeant sur le temps qui passe sans que je sache où je me dirige, des broutilles, quoi) signifie surtout que je ne suis pas dans mes songes habituels. Et quand on sait que mon environnement onirique est invariablement composé d'Apollons dénudés, tatoués des plus belles équations mathématiques, chantant les louanges de mon existence sur des mélodies enivrantes et se battant pour obtenir mes faveurs, on imagine bien mon désarroi quand je n'ai droit qu'à contempler mon reflet dans un miroir.

*

Au réveil, j'ai pu constater avec soulagement qu'il n'en était rien. Sur le terrain de la sénescence, ma calvitie naissante conservait son avance sur le grisonnement fatal qui ne manquera pas de s'abattre un jour sur moi.

Sauf que. Tel un ennemi lâche, ou simplement plus sournois (n'est-ce pas la même chose ?), la déchéance avait bien commencé son oeuvre. En -53, un romain peu connu disait déjà sur son blog : il suffit de garder tes moutons pour qu'on te vole ta ferme. Certes, à garder un oeil sur la tête, je ne me préoccupais pas du reste.

Ainsi, sans que je ne sache trouver de raison qui puisse expliquer cette coïncidence effrayante, c'est ce matin-là que j'ai découvert, non pas mon premier cheveu blanc, mes mes deux premiers poils blancs, sur le torse.

*

Fort heureusement, m'étant résigné à me voir extorquer ma jeunesse par le poids des ans contre un poil de maturité sans valeur, j'ai décidé d'arrêter mes sanglots doublés de hurlements hystériques pour réfléchir à la chose, ainsi que l'aurait fait tout sage fataliste après ingestion d'une dizaine de prozacs.

Il était clair que mon corps  n'aurait pas décidé de m'infliger deux poils blancs, tout blancs, sans qu'aucun autre n'apparût ne serait-ce que voilé de gris. Et même, les deux poils candides ne se seraient jamais retrouvés à un centimètre l'un de l'autre si le hasard de la sélection pileuse avait joué correctement.

La seule conclusion logique qu'on pouvait donc en tirer était que l'intervention était extérieure. Et comme des effets possibles de Tchlovénobyl n'auraient pas pu agir si rapidement, ne me restait donc qu'une piste : l'enlèvement par des extra-terrestres.

Ce ne serait donc que des entités inconnues qui font des expériences sur moi, me réservant probablement des souffrances littéralement inhumaines, et jouant sans aucun doute avec ma vie.
Ouf ! Dire qu'à un moment j'ai cru que j'avais vieilli.

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Commentaires
A
Je ne peux pas ne pas faire part de cette remarque d'Alain Provist (nom d'emprunt :P):<br /> <br /> «C'est plutôt bien d'avoir de l'argent de côté !»<br /> <br /> <br /> <br /> #winner<br /> <br /> #quandJePenseQuEn2008LesHashtagsNExistaientMemePas
A
Bien sûr que ça marche. À condition d'avoir le coin des yeux sur le torse :-)
M
Bien. Cette explication me va et me rassure aussi. Si vous trouvez un moyen de dire qu'ils agissent aussi sur les rides et ridules aux coins des yeux, c'est le bonheur.
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