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Ma vie est formidable,
14 mars 2007

415. Ce est sans cédille, comme ça, c'est dit

Une hésitation m'a pris ce matin : écrit-on c'aurait ou ç'aurait ?
Une première réponse vient à l'esprit comme à l'instinct : qu'on garde la cédille de ça ou qu'on préfère la mettre à cause d'aurait, aucune raison de la supprimer ! Mais la logique n'est tout n'est pas si simple dans le monde de la langue française...

Recherche

Premier tour de reconnaissance avec un aperçu de l'utilisation sur le ouèbe. Un premier ecueil se présente, puisque Google prend en compte en partie - mais pas complètement - les signes diacritiques (cf. note du dernier kri) : chaque recherche sort des résultats différents, mais comprenant les deux façons d'écrire.
Les résultats d'une Google-fight sans merci - ajustée empiriquement afin de pallier le problème évoqué - penchent à 3 voix contre 5 pour la version avec cédille ; rien de suffisant qui puisse faire prévaloir un usage ou l'autre sur la règle.

En ciblant sur un blog de correcteurs toujours plein de lecteurs éclairés et diserts, on peut se rendre compte que la seule fois où la forme sans cédille est choisie, c'est à cause d'une majuscule à C'aurait. Car si l'usage des capitales avec accents est encouragé, rares sont ceux qui font les efforts nécessaires au clavier - mais nous y reviendrons plus tard. En revanche, pas d'article qui expliquerait la question ; tout au plus un article intéressant sur l'origine de la cédille, sorte de petit z souscrit rappelant à l'oreille le zéta grec.

Analyse
À défaut d'ouvrage de grammaire, essayons d'appliquer des règles logiques. Six cas sont possibles.
a) l'élision ne modifie pas la présence de cédille (écriture selon le mot d'origine complet)
b) on met la cédille selon le mot suivant l'apostrophe
c) l'apostrophe est considérée comme un signe qui change le son du c en [k] comme les consonnes, le a, le o ou le u
d) l'apostrophe est considérée comme un signe qui change le son du c en [s], comme les lettres e, i et y.
e) l'apostrophe demande toujours la cédille, ou au contraire jamais, sans se soucier de la prononciation et ce pour des raisons d'harmonie visuelle
f) il n'y a pas de règle et c'est au cas par cas (et tout le monde fait comme il veut pendant qu'on y est)

On peut éliminer assez vite les cas suivants :
(f) les règles au cas par cas sont détaillées dans les livres de grammaire ; ce n'est pas le cas et la règle est donc logique.
(e) il est rare que l'orthographe soit modifié pour être plus joli à l'oeil. Plus lisible, oui, comme le circonflexe pour différencier du de . En revanche, l'orthographe et la grammaire se modifient volontiers pour préserver l'euphonie (vas-y, mais va). Et si un ç se prononcait dans certains cas [k], on ne serait pas arrivés.
(c) et (d) cu' se prononcerait [k], mais on s'en moque puisqu'il n'y a pas d'exemple pareil dans la langue française. En toute logieu, si un signe indiquant l'absence d'une lettre avait force de loi en la matière, cela ne tiendrait que s'il remplaçait toujours la même lettre. On se retrouve dans le cas (a)

Reste donc ces deux cas : mettre la cédille suivant la lettre élidée ou la lettre suivant l'apostrophe ?

Et là, courageux lecteur qui tiens tellement à connaître le fin mot de l'histoire que tu as pris la peine de tout lire jusqu'ici, tu vas me demander : Mais putain de bordel de couillon de mes deux, pourquoi tu nous fais chier à digresser pareillement quand tu vois bien que dans les deux seuls cas qui restent, ça aurait devient de toute façon ç'aurait ?
B'en pour une raison simple... c'est que ce que je voulais dire, moi, ce n'était pas ça aurait, mais ce aurait. Et je ne suis pas du genre à changer d'idée dans le seul but de me simplifier la vie.

Continuons donc l'analyse pour décider entre le cas (a) et le cas (b), si ce aurait doit s'écrire c'aurait ou ç'aurait.
Cas (a) : on garde l'orthographe initiale et donc on reconnaît plus correctement le mot élidé. Cela suit la logique de la règle d'élision : on remplace un bout de mot par une apostrophe et on ne touche à rien d'autre. C'est bien. Oui... mais...
Cas (b) : on sait tout de suite à la lecture s'il faut prononcer [k] ou [s] et cela suit la logique de l'euphonie qui prend le pas sur la graphie.

Les deux se valent donc plutôt bien.

Un exemple qu'on aurait cru salvateur
Prenons un exemple bête, qui devrait être décisif : dans c'est, pas de cédille ! Ça est bien, une fois ! cas (b), on regarde la lettre suivante, affaire réglée, merci d'être venus.
Stooooooooooooooop ! Juste un truc, comme ça, en passant... Mon dictionnaire - un p'tit drôle -, il me dit un truc, oh, c'est tout bête, mais quand même intéressant : c'est représente ce est. Aaaah ? ah... Ha, ha... Ha... Heuf.
En fait, en y réfléchissant bien, on aurait pu le deviner avant : ça ne s'élide que dans le langage oral à la manière du tu dans t'es là ? ; ç'aurait n'est sans doute pas plus correct qu'un ç'a été.

Retour case d'avant.

Conclusion
Les ouvrages de grammaires diront, j'imagine, que ça ne s'élide pas. Ils ne diront donc pas comment le faire proprement sans laisser des traces de cédilles amputées un peu partout. Mais la question reste posée pour la retranscription écrite d'une telle élision orale, et ce même si on pourrait aller jusqu'à considérer qu'un s'aurai resterait autant correct qu'un chais pas peut l'être.

Impossible de me décider. Ma coeur balance pour (a), mais je n'arrive pas non plus à imaginer que ç'est puisse validement remplacer ça est.
Alors vous choisissez comme vous le sentez !

Partez pas sans rien
On va pas se quitter en mauvais termes, hein ; je ne vais pas vous laisser y aller sans vous donner un petit quelque chose.

Déjà, un petit jeu facile. Quel est le contraire de la cédille ?

Le u. La cédille permet de changer un c dur en c doux, le u permet de changer un c doux en c dur, comme dans accueil. J'avais dit que c'était facile.

Ensuite, un petit truc. Maintenant que vous ne pouvez plus faire semblant d'ignorer que la cédille doit se mettre aussi sur le C majuscule (en capitale, dirais-je si je voulais être précis - tenez, révisez donc à l'occasion l'emploi des majuscules dans un titre), comment le faire sur votre clavier ?
Le moyen assez simple, c'est alt-ç avec un Mac. Mais le plus simple, c'est CTRL-K ,C ou CTRL-K C, dans vim (avec la liste disponible par un simple :digraphs).
Comment ça, vous n'utilisez pas vim et encore moins avec un Mac ? Ah, eh bien si vous n'utilisez pas les bons outils, vous ne pourrez pas faire du bon travail. Vous pouvez toujours utiliser votre bonne mémoire et alt-0199 (au pavé numérique, ce qui n'est pas génial sur un portable).
Ceux qui pensent qu'il n'est pas nécessaire de mettre les accents sur des majuscules font ce qu'ils veulent. Mais imaginez maintenant que vous vouliez savoir ce que signifie bøsse blæse en Danois ? Comment allez-vous (bien, merci) chercher cela en ligne ? (Le æ/Æ est une lettre à part à la fin de l'alphabet, et n'est pas interchangeable par ae.) Et pour ceux qui se moquent du danois mais qui veulent parler un peu d'ångströms, comment ajouter simplement le rond en chef pour avoir le symbole Å ? (De nouveau une lettre à part, qui représente aa.) Simple comme bonjour : CTRL-K o/ , CTRL-K ae et CTRL-K AA !
Avec tout ce temps que vous allez gagner, vous ne regretterez plus d'avoir tout lu jusqu'ici.

Je vous l'emballe ou c'est pour consommer tout de suite ?

EDIT -  Finalement une réponse presque simple
Un autre dictionnaire indique clairement la règle, qui existait donc, y compris avec les cas où l'élision est de mise. (Dieu merci, le monde n'est pas que rude anarchie ! Et prenez des notes, parce que dans 6 mois, j'interroge.)

Ce s'écrit C' devant en et les formes du verbe être commençant par une voyelle ; Ç' devant un a.

Et apparemment, pour ce même dictionnaire, c'est vaut pour ce est, mais les Belges disent ça est pour c'est. Ainsi, ça=ce, ce qui démontre qu'en fait tout cela vaut ceci et que c'était bien la peine de se mettre cédille en tête. De toute façon, comment voulez-vous faire confiance à un dictionnaire qui écrit des Y'a ?

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Commentaires
L
Allô ! Ça va-tu bien ? (tu remarqueras la majuscule cédillée, lol)<br /> <br /> Redoutables tes questions et remarques ! J’ai dû faire des recherches :-)<br /> <br /> Pour les pannequets et les pancakes, voilà : « In France the crepe used to be called pannequet, from which the word pancake is probably derived. » Et un lien avec, en plus, plein de recettes… ben ouais, on est gourmand ou on ne l’est pas ! <br /> http://www.baking911.com/quikbrds/crepes.htm<br /> <br /> Pour la remarque du site Langue sauce piquante : « Au temps jadis (bien avant “Kaamelott”), les scribes écrivaient soit tout en majuscules (pour les textes soignés) soit en caractères cursifs minuscules (pour le texte courant), mais ils ne mélangeaient pas les deux. A l’époque carolingienne, des moines (de génie) eurent l’idée d’employer à la fois des grandes lettres et des petites dans le même texte. Aux grandes étant dévolu le rôle noble de commencer les titres, les chapitres, et surtout de marquer le début de chaque vers, on les appela versales, et plus tard capitales (“en tête de”). Puis l’usage se répandit de mettre une capitale initiale à chaque nom commun, les noms propres gardant une minuscule initiale ! Cette façon de procéder, qui est l’exacte inverse de celle que nous suivons aujourd’hui, perdura jusqu’au XVIe siècle ».<br /> <br /> Le problème est qu’ils ne précisent pas à quelle écriture ils font précisément allusion... En plus, ils commettent quelques erreurs... M’enfin, je vais essayer d’analyser tout ça...<br /> <br /> 1. Ils se trompent lorsqu’ils prétendent que c’est « à l’époque carolingienne » que le mélange des minuscules et des majuscules a commencé à se faire. L’apparition de la minuscule, comme je l’avais dit (j’ai, depuis, contrôlé et c’est bien ça) date du IIe siècle après JC, alors que l’écriture dite minuscule caroline est apparue vers 750 après JC... En outre, les écritures onciale et semi-onciale étaient des écritures mixtes (mélangeant minuscules et majuscules) et existent depuis le IIIe siècle. Ce ne sont donc pas des « moines (de génie) » qui ont eu cette idée à l’époque carolingienne, puisque cela s’est fait au moins 4 siècles avant (c’est pas rien quand même !).<br /> <br /> 2. Ensuite, ils mélangent un peu tout en prétendant que ces moines auraient utilisé distinctement les minuscules et les majuscules. Je le répète, la première écriture minuscule (et donc l’apparition des minuscules) date du IIe siècle et se nommait la nouvelle écriture commune ; et elle n’était composée que de minuscules. Cette écriture était très utilisée, mais pour des usages quotidiens, il s’agit donc là d’une écriture dite cursive. A la même période, ce sont les écritures onciale et semi-onciale qui sont utilisées pour les livres et les actes importants. On appelle donc ces écritures des écritures livresques. Leur particularité est qu’elles sont les premières écritures (dans l’espace médiéval occidental) à utiliser un système mixte. Il faut donc faire attention à ne pas confondre les termes minuscule, majuscule, cursif et livresque. D’après leur laïus, une écriture « cursive » serait synonyme de « minuscule »… c’est totalement faux (et je l’affirme haut et fort !). C’est d’autant plus faux que, et cela ils le disent correctement, les scribes ne mélangeaient jamais deux types d’écriture (soit cursive versus livresque), car chacune avait un rôle différent et leur typologie avait une utilité bien définie. On ne trouvera jamais pour ces époques de bible rédigée en type cursif ou de lettre de change rédigée en livresque ! Toutefois, ils ont tort de penser qu’une écriture cursive est forcément en minuscule : la minuscule caroline connaît des minuscules et des majuscules (contrairement à ce que son nom pourrait faire penser...). Bref, Langue sauce piquante confond la typologie propre de chaque écriture et en fait un melting-pot, en pensant que les scribes piquaient les lettres minuscules d’un type particulier d’écriture et les mélangeait avec les majuscules d’une écriture livresque, ou vice-versa… (enfin, c’est en tout cas l’impression que leur formulation donne...).<br /> <br /> 3. Ensuite, en ce qui concerne les versales, les capitales et les majuscules, là encore il ne faut pas tout mélanger. Les versales sont des majuscules qu’on place en début de chaque vers ou verset ; usage qui se perdra au XIXe siècle seulement (notamment avec la poésie dite libre). Mais, théoriquement, la poésie antérieure ou les verstes de la bible devraient commencer par une « capitale ». Or toutes les « capitales » ne sont pas des majuscules ! Je m’explique : une majuscule endosse un double sens ou raison d’être, qui est soit sémantique, soit syntaxique (terre et Terre ne signifient pas la même chose ; le début d’une phrase et un nom propre appellent l’usage d’une majuscule). Les capitales (et les versales, donc) sont un enrichissement typographique et ne sont donc pas des majuscules ; elles n’en ont pas le sens mais la forme seulement. Et encore, certains éditeurs utilisent, pour faire ce type de distinction, des grandes majuscules versus des petites minuscules (si tu vas sous police dans ton traitement de texte, tu trouveras tout ça…). Bref, les versales sont des majuscules qui n’en sont pas… c’est juste une question d’esthétique ! Il n’y avait donc, à l’époque des trouvères et troubadours, aucune logique sémantique ou syntaxique quant à l’usage de ces « majuscules », qu’il conviendrait mieux de ne pas appeler ainsi, puisque c’est un abus de langage, s’agissant bel et bien de versales ou de capitales.<br /> <br /> 4. Pour ce qui est de la dernière remarque, je suis un peu étonné par cette pirouette. Je ne vois vraiment pas sur quoi ils se basent pour affirmer ça... (c’est à ce niveau que j’ai fait des recherches mais je n’ai rien trouvé de probant). Un usage purement esthétique n’a pas pu déboucher sur une habitude, selon eux quasiment devenue une règle, mettant des majuscules aux noms communs et pas aux noms propres... je n’ai d’ailleurs jamais vu ça… Si tu vas sur le site wikipédia, sous minuscule caroline, et que tu cliques sur l’image du texte tout en haut à droite, tu pourras lire à la deuxième ligne : « quidam nomine Zacharias (...) » (soit un certain (prêtre) nommé Zacharie). Tu remarqueras que, contrairement à ce que dit Langue sauce piquante, l’usage des minuscules et des majuscules correspond tout à fait à notre usage (il en va de même avec les autres textes de cette page ouèbe). [Attention toutefois au contenu de cette page, elle comporte des erreurs (les spécialistes ne rattachent plus, aujourd’hui, la minuscule caroline à l’onciale et à la semi-onciale, mais à la nouvelle écriture commune...). http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:CarolingianMinuscule.jpg]<br /> <br /> Bref, j’attends de voir un exemple qu prouveraient leurs dires ! Malheureusement, je n’ai pas réussi à voir distinctement l’image que présente Langue sauce piquante en regard de leur texte… ce qui aurait pu m’aider à comprendre…<br /> <br /> Ouf, ça y est ! Tu m’as donné du travail :-) !!!<br /> <br /> Mais j’en suis ravi, j’adore ce genre de « masturbation intellectuelle » !<br /> <br /> Si t’as d’autres colles comme ça, n’hésite pas !
A
Cédille sur portabeul :<br /> C'est très simple, à condition d'avoir un portabeul qui permet de simuler (oh oui) le pavé (à point) de côté.<br /> Sur un Compaq machin truc, par exemple :<br /> 1) Activer la fonction pavé numérique avec [Fn]+[num lk]<br /> 2) Enfoncer la touche [alt] gauche<br /> 3) Taper mj99<br /> 4) Relâcher [alt]<br /> 5) Désactiver le pavé avec [Fn]+[num lk]<br /> <br /> Moi je dis, faut utiliser vim, c'est presque plus simple.
A
Y a pas à dire, tu m'épates !<br /> Pour l'histoire des majuscules/minuscules utilisées à l'inverse de maintenant, c'est ce qui était dit ici : http://correcteurs.blog.lemonde.fr/?name=2006_05_si_versale_mtai<br /> Mais je veux bien croire qu'il n'existait pas qu'une seule manière d'écrire dans un temps où l'information ne circulait pas à la vitesse de la lumière.<br /> <br /> Pour les oeufs, je ne te plains pas, je suis sûr effectivement que l'Amérique du Nord les fait à merveille, et en plus accompagnés de pancakes au sirop d'érable ! (Tiens, je me suis toujours demandé si ça avait un lien avec les pannequets - sorte de crèpe roulée - dont j'ai une recette à la valaisanne..)
J
Oui mais moi j'ai un portable, alors hein !!!
L
Ah les oeufs Bénédict!!! C'est marrant que tu te souviennes à quel point j'en suis fan! D'ailleurs j'avais hésité à mettre un post sur le forum disant que, malheureusement, je n'aurais pas droit cette année aux trop bons oeufs bénédict dont tu es passé maître il y a des lustres! Pis finalement, je me suis dit que ça faisait un peu le gars "intéressé", genre "ok je viens, mais seulement s'il y a des oeufs bénédict..." ;-) <br /> <br /> Remarque, j'ai trouvé ici un café lounge, genre branché mais pas trop quand même, où ils en font de très bons! et comble du comble, ce café se trouve sur le Boulevard Saint-Laurent, pas loin du café Laïka d'ailleurs... sympa toutes ces coïncidences!<br /> <br /> Pour ce qui est de ta question sur les majuscules versus minuscules, en fait ce n'est pas si simple (mais rien ne l'est, n'est-il pas?). <br /> <br /> Il faut savoir que notre alphabet vient de la civilisation étrusque (actuelle Toscane, en Italie), qui a elle-même repris l'alphabet grec. L'alphabt latin, qui a repris l'étrusque, ne connaît donc pas les minuscules à ses débuts. Il faut attendre le IIe siècle après JC (Jean Chertzeuh) pour qu'elles entrent dans le panthéon de l'alphabet. <br /> <br /> A cette date, cette écriture est appelée, par les spécialistes, la nouvelle écriture commune, qui elle-même est à la base des écritures dites pré-carolines, soit celles qui précèdent et qui donneront naissance à la minuscule caroline, écriture du temps de l'époque de Charlemagne (celle qu'évoque le site Langue sauce piquante à ce propos). <br /> <br /> Pour compliquer le tout, il existe aussi des écritures "orphelines", qui ont cessé d'exister et qui n'entrent pas dans la composition de celles qui les suivent: c'est le cas des écritures onciales et semi-onciales, qui mélangent les majuscules et les minuscules. Or certaines lettres sont toujours en majuscule et d'autres toujours en minuscule (par exemple le "a", "h" ou "q" sont toujours minuscules, alors que le "L", "N" ou "R" sont toujours majuscules). Leur emploi ne dépend donc pas d'une règle quelconque mais est le résultat de l'éventail (limité) des possibilités. <br /> <br /> Le texte de 842 évoqué par Langue sauce piquante (http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2007/02/14/la-naissance-du-francais-une-affaire-de-famille/) est rédigé en minuscule caroline, l'écriture de Charlemagne, qui va se répandre à travers toute l'Europe et se transformer finalement, dès le XIIe siècle, en écriture gothique. Mais si tu regardes attentivement ce texte (puisqu'il y a une photo du manuscrit), les initiales des prénoms Ludovic et Karl sont bel et bien en majuscule! La transcription donnée sur ce site est donc, selon moi, incorrecte: les noms propres sont donnés en majuscules.<br /> <br /> Il est toutefois clair que l'usage des majuscules, à défaut de règles de grammaire bien établies - pas avant le XVIe siècle, souviens-toi ;-) ne suit pas toujours la façon moderne de les noter. Lorsqu'un historien édite un texte, il doit toutefois ajouter une majuscule là où l'on en attendrait une, même si elle fait défaut dans l'original. <br /> <br /> Il peut donc arriver que des textes mélangent minuscules et majuscules:<br /> <br /> - soit parce que l'écriture utilisée est mixte et qu'une lettre n'existe que sous une seule forme (majuscule ou minuscule, mais pas les deux)<br /> <br /> - soit parce que les scribes ne suivent pas de logique grammaticale; ces cas, surtout avec l'écriture gothique, du XIIe au XVe siècle, foisonnent. Donc ici, même si une lettre existe dans l'alphabet sous une forme minuscule et une forme majuscule, il peut arriver qu'elle ne soit pas utilisée correctement. On peut donc trouver une majuscule à un "Et" au milieu d'une phrase ou une minuscule à un prénom, comme "pierre".<br /> <br /> Mais il n'y a pas, à ma connaissance, d'alphabt latin ou d'usage scriptorial qui, systématiquement, placerait une minuscule aux noms propres et une minuscule aux noms communs...<br /> <br /> C'est un peu long comme réponse, désolé, mais je dois avouer que l'histoire de l'écriture me passionne!<br /> <br /> Pour les "i'faut que" ou "y en a point comme nous", je cherche aussi de mon côté :-) mais je peux déjà te dire que la forme "i'dit" existe, j'en ai trouvé dans un texte du XVIe siècle (le procès d'un brigand du Jorat) que j'ai analysé et étudié récemment... ce sera publié dans un livre qui va bientôt sortir; si ça t'intéresse je t'en ferai parvenir un et tu auras ainsi la preuve, noir sur blanc, que la graphie "i'" au lieu de "il" existe, ce qui devrait te faire plaisir et, en tout cas, qui te donne raison.<br /> <br /> A bientôt!
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